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Première rétrospective de la carrière de Gregory Crewdson

Le photographe américain revient sur quatre décennies de photographies explorant les tensions et les désirs implicites qui se cachent à la vue de tous.

Quelle meilleure obsession que la perfection, cette muse qui paraît inaccessible et dont le mystère réside dans sa grâce inatteignable. Nombreux sont ceux qui s’y attèlent, mais rares sont ceux qui consacrent leur vie à la poursuite d’une telle exigence. Pour Gregory Crewdson, « « chaque photographe a une histoire à raconter », la sienne étant la recherche de l’insaisissable qui existe quelque part entre le monde de l’éveil et celui du rêve.

Gregory Crewdson, Untitled. From the series: EarlyWork, 1986-1988. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan –Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Untitled. De la série: EarlyWork, 1986-1988. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan –Private Collection © Gregory Crewdson

Chez lui, la photographie incarne le paradoxe. Depuis quatre dernières décennies, Crewdson crée des scènes grandioses représentant la vie américaine dans la splendeur naturelle du paysage de la Nouvelle-Angleterre, mêlant habilement des éléments du cinéma d’auteur, de la photographie de mise en scène, de la peinture de maîtres et du réalisme du milieu du 19e siècle, avec un aplomb singulier. Chaque image à grande échelle est conçue et exécutée comme une petite production cinématographique, préparée des mois à l’avance avec la participation de dizaines de spécialistes. Le processus est aussi envoûtant que les photographies elles-mêmes.

Avec cette nouvelle exposition et le catalogue associé, intitulés simplement Gregory Crewdson, le conservateur et éditeur Walter Moses tisse en toute transparence la première rétrospective de la carrière de l’artiste. Le catalogue présente plus de 300 photographies issues de neuf groupes de travaux, ainsi que des photos de production inédites réalisées entre 1991 et 2022, qui permettent aux lecteurs de découvrir les coulisses du processus hautement élaboré de l’artiste pour créer un monde parfait grâce à des détails hyperréalistes. 

Gregory Crewdson, Starkfield Lane, From the series: An Eclipse of Moths, 2018-2019. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Starkfield Lane, De la série: An Eclipse of Moths, 2018-2019. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Redemption Center, From the series: An Eclipse of Moths, 2018-2019. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Redemption Center, De la série: An Eclipse of Moths, 2018-2019. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, The Mattress, From the series: Cathedral of the Pines, 2013-2014. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, The Mattress, De la série: Cathedral of the Pines, 2013-2014. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Untitled, From the series:Beneath the Roses, 2003-2008. Digital pigment print.The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan –Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Untitled, De la série: Beneath the Roses, 2003-2008. Digital pigment print.The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan –Private Collection © Gregory Crewdson

Une vraie histoire à raconter

Conçue en série, l’exposition retrace les explorations formelles et conceptuelles de Gregory Crewdson depuis le milieu des années 1980, créant une mappemonde complexe des passions irrationnelles, des désirs et des peurs qui se cachent sous la surface du quotidiens des Américains. 

À l’instar des cinéastes David Lynch, Stephen Spielberg et David Fincher, Crewdson est profondément sensible à la théâtralité de nos vies éveillées, à sa nature profonde toujours présente mais insaisissable, une quête à pourchasser et à distiller en une seule image. Dépourvue de mouvement, de son et de dialogue, cette histoire se déroule ainsi uniquement dans l’ombre et la lumière.

Gregory Crewdson, Untitled, From the series: Sanctuary, 2009. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, Untitled, De la série: Sanctuary, 2009. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson

Bien que les scènes soient mises en scène, elles sont empreintes d’une intensité émotionnelle qui rayonne. Ici, rien n’est tout à fait ce qu’il semble être. Le résultat est troublant, comme un test de Rorschach, invitant à une infinité d’interprétations de l’œuvre. Voici la psyché américaine mise à nu ; la poursuite du bonheur façonne un paysage d’espoir et de désespoir, d’intimité et de distance, de connexion et de perte.  

Comme dans un rêve, il y a un savoir qui existe au-delà des mots et qui défie notre compulsion à définir, étiqueter et épingler. Au lieu de cela, les photographies de Gregory Crewdson interrogent, reflètent et révèlent une vérité qui n’est ni un fait ni une fiction, mais un amalgame des deux.

Gregory Crewdson, Untitled (Sunday Roast), Fromthe series: Beneath the Roses, 2003-2008. Digitalpigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna,Permanent loan – Private Collection © GregoryCrewdson
Gregory Crewdson, Untitled (Sunday Roast), De la série: Beneath the Roses, 2003-2008. Digitalpigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna,Permanent loan – Private Collection © GregoryCrewdson
Gregory Crewdson, The Basement, From the series: Cathedral of the Pines, 2013-2014. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson
Gregory Crewdson, The Basement, De la série: Cathedral of the Pines, 2013-2014. Digital pigment print. The ALBERTINA Museum, Vienna, Permanent loan – Private Collection © Gregory Crewdson

« Gregory Crewdson » est exposée jusqu’au 8 septembre 2024 au musée Albertina de Vienne. Le catalogue est publié par Prestel et disponible au prix de 60 $.

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