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Cette route mène sûrement quelque part, peut-être

Pour sa première exposition personnelle à la galerie Sit Down, Matt Wilson dévoile sa nouvelle série intitulée « Cette route mène sûrement quelque part, peut-être ». Une errance photographique dans les paysages de Normandie, ode fidèle au principe impressionniste d’enregistrement des effets de la lumière et de l’atmosphère.

Certains titres vous incitent à les suivre. C’est le cas avec les mots que Matt Wilson a choisis pour nous entraîner dans sa libre promenade normande, sans destination précise, sans boussole et encore moins de GPS, en suivant à l’instinct les directions qui s’offraient à lui et avec pour simple mission de rapporter en toute carte blanche sa vision d’un territoire qu’il découvrait.

Était-il dans les pas de Claude Monet lorsqu’il a capté la « Dernière lumière à Varengeville » ? Il adresse en tout cas une « Ode à Jean-François Millet » pour un bord de mer évoquant les paysages de l’artiste de l’école de Barbizon et l’on ne peut que penser à Corot lorsqu’il se perd dans les sous-bois ou contemple un arbre courbé par le vent en haut d’une butte de terre ocre. 

Sainte-Marguerite-sur-Mer dans le Brouillard, 2023. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Sainte-Marguerite-sur-Mer dans le Brouillard, 2023. Série Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Ode to Millet, 2023. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Ode to Millet, 2023. Série Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Le son, 2023. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Le son, 2023. Série Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down

Ce photographe qui dit son amour de la peinture hollandaise classique et des paysages mélancoliques de certains grands artistes anglais a croisé tout naturellement en Normandie les sources de l’impressionnisme. Et, comme Monet, il en a rapporté des impressions, au petit matin parfois – de ce qu’il dit lorsqu’il donne de rare indications sur le moment ou le lieu de la prise de vue -, et il s’est attaché à les réunir non comme un carnet de voyages ou un témoignage sur son parcours mais comme une subtile palette qui chante la richesse des coloris et des matières. Le sfumato qui baigne ses paysages ne le situe pas dans la lignée d’une photographie pictorialiste singeant la peinture mais impose le sentiment que la photographie peut, en soulignant la cohérence d’une vision, réinventer le monde et dire à chacun qu’il faut, sereinement, regarder vraiment, librement et jusqu’au moindre détail.

Écho de photographies du 19ème siècle un petit voilier se fond dans les dégradés d’une immensité bleue, les nids d’hirondelle ont la même teinte que les poutres de la grange sur lesquelles ils ont été patiemment bâtis, dans des tonalités outremer nous ne savons plus si nous voyons le canal ou la route qui le longe, soudain l’espace devient « Grand ouvert » et nous nous retrouvons qui sait où, juste « Somewhere in-Beetwen » à moins que ce ne soit dans un « Jardin secret au crépuscule »  où nous aurait menés « Le chemin du Dragon ». Dans ce monde harmonieux le temps s’est suspendu et le mystère s’est installé, sans bruit.

Au bord du canal, 2023. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Au bord du canal, 2023. Série Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Jardin secret au crépuscule, 2023. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Jardin secret au crépuscule, 2023. Série Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Before, 2024. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Before, 2024. Série Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Waiting, 2024. Série Cette route... © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down
Waiting, 2024 série, Cette route… © Matt Wilson courtesy galerie Sit Down

Le temps photographique de Matt Wilson, qui est au coeur du propos mais impossible à dater, questionne un passé qui serait toujours présent, survivant étrangement et par bribes dégradées à ce qui fut et les toits de chaume et les murs à colombage et torchis qui survivent renvoient à ce que le photographe trouva aux États-Unis, dans une autre ruralité qu’il arpente depuis 2011 pour son projet Stateside.

Mais si un doute salutaire est de mise, comme toujours avec la photographie, même si l’affirmation du titre se nuance d’un « peut-être » bienvenu, cette route, indéniablement, mène vers l’essentiel : la lumière et la couleur qu’elle fait vibrer.

« Cette route mène sûrement quelque part, peut-être », de Matt Wilson est exposé à la galerie Sit Down, à Paris, jusqu’au 30 novembre 2024. 

Dans le cadre de Starting Sunday : Tea-time et rencontre avec Matt Wilson dimanche 13 octobre 2024 de 15h à 18h.

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