S’il est des images qui s’apprécient davantage au travers de tirages réalisés par leur auteur, c’est bien celles de Ray K. Metzker, photographe américain formé à l’Institute of Design de Chicago dans le milieu des années 1950, entre autres par Harry Callahan et Aaron Siskind. Devant elles, on ne peut se contenter d’un simple coup d’œil, il faut s’y plonger pour les comprendre. C’est ce qui rend ses originaux si précieux et c’est ce qui fait le sel de l’exposition actuellement présentée à Bruxelles à la Fondation A Stichting.
Elle qui réunit une centaine de tirages issus des archives du photographe conservées à Philadelphie et de la galerie Les Douches (Paris) qui le représente en exclusivité en Europe. C’est à l’initiative de sa directrice, Françoise Morin, que cette exposition a vu le jour dans ce lieu fondé par Astrid Astrid Ullens de Schooten Whettnall il y a douze ans dont on a découvert la collection monumentale aux Rencontres d’Arles cet été.
Le plaisir est d’autant plus grand que Ray K. Metzker fait partie de ces photographes rarement mis sur le devant de la scène en Europe, la dernière grande exposition remontant à 2007 au musée de l’Élysée de Lausanne. Avec Philippe Séclier, la galeriste parisienne signe un commissariat axé sur la rue, « parce que c’est un thème qui traverse l’ensemble de son œuvre sur un demi-siècle ».
Rassemblant des images des années 1950 à 1980, le parcours est organisé en séries, rendant compte du renouvellement constant du photographe autour de ce sujet unique. Un thème qu’il a poursuivi d’une ville à l’autre, au gré de ses déménagements de Chicago à Philadelphie, de ses voyages en Europe, et même dans son atelier, avec la série « Composites » initiée dès 1964 pour laquelle il assemble des segments de négatifs (strips) qu’il imprime dans un deuxième temps.
« Ma préoccupation était la forme photographique », écrit Ray K. Metzker à propos de sa démarche dans le Loop de Chicago, série de jeunesse qu’il mène pendant deux ans de 1957 à 1959. Que ce soit dans ce travail, dans Early Philadelphia (1962-1964), Pictus Interruptus (1976-1980) ou City Whispers (1980-1983) – à voir également dans l’exposition –, ce qui frappe, c’est sa capacité d’exploration des possibles du médium. Sur le terrain au moment de la prise de vue, mais aussi dans la chambre noire où il parachève ses images.
Est-ce le cadrage, le fait de saisir au bon moment l’ombre d’un bâtiment et la lumière d’un rayon de soleil ou est-ce le contraste du noir et du blanc poussé à l’extrême qui fait que la magie opère ? Tout cela à la fois. La spécificité de Metzker se mesure au temps qu’il est nécessaire pour en saisir le contenu tant la composition est complexe, tant il a l’art et la manière de redessiner le temps et l’espace.
« City Lux », de Ray K. Metzker, jusqu’au 22/12/2024 à Fondation A Stichting, à Bruxelles.