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Les 50 livres photo les plus influents de l’histoire

Les livres photo sont depuis plus d’un siècle de puissants objets pour raconter des histoires visuelles, offrant une expérience intime et tactile qui va au-delà des photographies elles-mêmes. Ils servent à la fois d’expressions artistiques et d’artefacts culturels, révélant l’esprit de leur époque tout en repoussant les limites de la photographie en tant que forme d’art. De la documentation sociale aux explorations plus abstraites, ces livres ont façonné l’histoire de la photographie.

Beaucoup ont défié les conventions, introduit des techniques révolutionnaires et inspiré d’innombrables photographes à travers le monde. Cette sélection, réalisée par Blind, met en lumière les livres photo les plus influents de l’histoire de la photographie, célébrant leur impact sur l’art, la culture et la manière dont nous percevons le monde. Chacun d’entre eux témoigne du pouvoir durable des images à informer, provoquer et inspirer.

1. Images à la sauvette par Henri Cartier-Bresson (1952)

Images à la sauvette (The Decisive Moment en version américaine) est l’un des plus grands livres de photographies jamais publié. Sorti en 1952 aux éditions Verve, à l’initiative de Tériade, il regroupe les photographies réalisées par Henri Cartier-Bresson durant les vingt premières années de sa carrière. C’est, en 1952, une monographie du meilleur de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson, publiée chez un éditeur d’art, avec une couverture originale de Matisse. C’est aussi une large présentation de son art, où est forgée cette notion de « moment décisif » qui donnera son titre à l’édition américaine de l’ouvrage : le moment où tous les éléments s’assemblent pour produire une image, non pas le sommet d’une action, mais un sommet émotionnel et formel, comme l’illustre la célèbre photographie d’un homme sautant au-dessus d’une flaque sur le pont de l’Europe avec en fond la gare St Lazare. Ce livre demeure une référence incontournable pour un grand nombre de photographes.

2. American Photographs par Walker Evans (1938)

Plus que tout autre artiste, Walker Evans a inventé les images de l’Amérique essentielle que nous avons depuis longtemps accepté comme un fait, et son travail a influencé non seulement la photographie moderne, mais aussi la littérature, le cinéma et les arts visuels dans d’autres médiums. L’édition originale d’American Photographs était une production de typographie soigneusement préparée, publiée par The Museum of Modern Art en 1938 pour accompagner une exposition de photographies par Evans qui a capturé des scènes de l’Amérique au début des années 1930. Comme indiqué sur la veste de la première édition, Evans, « photographier en Nouvelle-Angleterre ou en Louisiane, regarder un enterrement politique cubain ou une inondation du Mississippi, travailler prudemment pour ne rien déranger dans l’atmosphère normale de l’endroit moyen, peut être considéré comme une sorte d’oeil désincarné, fouisseur, un conspirateur contre le temps et ses marteaux ».

3. The Americans par Robert Frank (1958)

En 1955, Robert Frank traverse les États-Unis. Un cow-boy, un homme tatoué faisant sa sieste sur l’herbe d’un parc, la souffrance d’une femme qui vient d’enterrer un proche, un cireur de chaussures, une route, des femmes qui trinquent ; seules quatre-vingt-quatre de ses images furent publiées, en 1958, dans l’indifférence. Ce livre est depuis devenu un classique de la photographie. Jugé triste, pervers, voire subversif par la presse américaine d’alors, son importance n’a pourtant cessé de croître au fil des années. Les photographes, les critiques et le grand public ont salué en Robert Frank un véritable novateur. Ce livre, accompagné d’un texte de Jack Kerouac, n’a rien d’un reportage. Il ne raconte pas le périple d’un homme à travers les États-Unis mais rassemble une suite de notes prises sur le vif, par un écorché vif.

4. The Ballad of Sexual Dependency par Nan Goldin (1986)

The Ballad of Sexual Dependency est, sous forme de journal photographique, la chronique des luttes inhérentes aux rapports amoureux et des problèmes de compréhension entre amis, famille et amants que Goldin considère comme sa « tribu ». Son travail décrit un monde viscéral, vital, en pleine effervescence. La réédition de cet ouvrage. paru pour la première fois en 1986, rend hommage à ces photographies sans précédent qui n’ont rien perdu de leur actualité aujourd’hui et qui brossent un tableau toujours pertinent d’une époque où le SIDA et la toxicomanie faisaient des ravages. Ces photographies aux couleurs riches et au style sans détour exigent de celui qui les regarde qu’il aille au-delà de leur apparence afin d’y découvrir toute leur profondeur et toute leur intensité. « Les vrais souvenirs que ces photographies éveillent sont des invocations à la couleur, à l’odeur, au son, à la présence physique, à la densité et au goût de la vie », écrit Nan Goldin.

5. The Family of Man par Edward Steichen (1955)

Saluée comme l’exposition de photographie la plus réussie jamais organisée, The Family of Man a ouvert ses portes au Museum of Modern Art de New York en janvier 1955. Ce livre, incarnation permanente de l’exposition monumentale d’Edward Steichen, reproduit l’ensemble des 503 images que Steichen décrivait comme « un miroir de l’unité essentielle de l’humanité à travers le monde ». Des photographies prises dans toutes les parties du monde, de l’éventail de la vie, de la naissance à la mort ». Ouvrage classique et inspirant, The Family of Man est édité depuis plus de 70 ans.

6. Uncommon Places par Stephen Shore (1982)

Publié à l’origine en 1982, le légendaire Uncommon Places de Stephen Shore a influencé plus d’une génération de photographes. Stephen Shore a été parmi les premiers artistes à amener la couleur au-delà du domaine de la publicité et de la photographie de mode, et son travail couleur grand format sur le paysage vernaculaire américain est à la base de ce qui est devenu une tradition photographique vitale au cours des quarante dernières années. Comme Robert Frank et Walker Evans avant lui, Shore a découvert une vision jusqu’ici inarticulée de l’Amérique via l’autoroute et la caméra. Abordant ses sujets avec une objectivité froide, Shore conserve des systèmes internes précis de gestes dans la composition et la lumière, à travers lesquels un parking vidé de monde, une chambre d’hôtel, ou un immeuble dans une rue latérale prend à la fois une aura archétypale et une importance ambiguë personnelle. Contrairement à ses paysages caractéristiques auxquels Uncommon Places est souvent associé, cette enquête élargie révèle des collections tout aussi remarquables d’intérieurs et de portraits.

7. People of the 20th Century par August Sander (1936)

L’œuvre monumentale d’August Sander est une exploration sociologique de l’humanité. Composée de centaines de portraits méticuleusement réalisés, cette œuvre classe les individus par professions, rôles sociaux et types, offrant une coupe transversale complète de la société allemande du 20e siècle. L’approche de Sander, à la fois méthodique et empreinte d’empathie, révèle ses sujets avec dignité et neutralité. Par sa vision de créer un « portrait d’une époque », People of the 20th Century demeure une pierre angulaire de la photographie de portrait avec une méditation profonde sur l’identité et la société.

8. Passage par Irving Penn (1991)

À l’âge de 74 ans, Irving Penn, l’un des plus grands photographes de notre époque a rassemblé les images qui lui ont le plus parlé au fil des ans. Il les a accompagnées de ses propres souvenirs. L’œuvre très variée comprend ses photographies les plus remarquables pour le magazine Vogue : ses portraits de grands, de célèbres et d’anonymes, ses photographies de femmes élégantes à la mode de New York et de Paris et ses célébrations d’hommes, de femmes et d’enfants dans des villages lointains, dans la jungle et dans la savane sur les cinq continents. On y trouve également des exemples des recherches privées et des obsessions photographiques de Penn : des images de déchets de la rue, de crânes d’animaux, de nus féminins et de ses memento mori. Il y a aussi un groupe de dessins surprenants, montrés pour la première fois. Le tout introduit par Alexander Liberman, directeur artistique légendaire de Condenast.

9. Vietnam Inc. par Philip Jones Griffiths (1971)

La publication de Vietnam Inc. en 1971 joua un rôle déterminant dans l’évolution de l’opinion publique américaine et contribua à mettre un terme à la guerre du Vietnam. Dans ce récit de guerre, Philip Jones Griffiths réalise la synthèse de trois années de reportage et propose l’une des études les plus détaillées jamais consacrées à un conflit. En montrant les horreurs de la guerre tout en décrivant la vie rurale vietnamienne, l’auteur oppose des arguments convaincants au pouvoir déshumanisant de la machine de guerre moderne et à l’impérialisme américain. Rare et très recherché, cet ouvrage est devenu l’un des grands classiques du photojournalisme. Il est aujourd’hui disponible dans une nouvelle édition, reproduction soignée de l’édition originale écrite et conçue par Philip Jones Griffiths.

10. Magnum Contact Sheets (2011)

Ce livre offre un regard inégalé sur le processus créatif derrière des photographies emblématiques. En présentant les planches contact des photographes Magnum, elle démystifie l’art de l’édition. Le livre met surtout en lumière le rôle de la sélection dans la construction des récits photographiques. Le lecteur obtient un aperçu du processus de prise de décision de certains des plus grands photographes de l’histoire. Magnum Contact Sheets est une ressource inestimable pour comprendre la narration photographique.

11. Genesis par Sebastião Salgado (2013)

Genesis est la lettre d’amour adressée par Sebastião Salgado à la planète: un portfolio monumental dédié à la nature, aux peuples indigènes et aux animaux qui montre la Terre dans toute la splendeur inestimable de ces contrées encore préservées. Dans les tonalités monochromes caractéristiques de Salgado, ce recueil est absolument saisissant, autant dans ses panoramas sublimes que dans les plus infimes détails et matières de la nature.

12. A Way of Seeing par Helen Levitt (1965)

Depuis sa première publication en 1965, la collection de photographies d’Helen Levitt prises dans les rues de New York dans les années 1940 est un classique du genre. Réalisé en collaboration avec l’écrivain James Agee, qui a fourni l’introduction du livre, A Way of Seeing a été publié deux fois avec des modifications supplémentaires au cours de la vie de Levitt. L’attention de Levitt portée aux enfants et aux communautés marginalisées offre une perspective pleine de compassion. Son travail a aussi établi une nouvelle norme pour l’authenticité et la narration poétique en photographie de rue. A Way of Seeing demeure une référence pour ceux qui recherchent l’humanité dans leurs images.

13. New Topographics (1975)

New Topographics : Photographs of a Man – Altered Landscape est une exposition photographique organisée en 1975 à la George Eastman House de Rochester par William Jenkin et Joe Deal. Elle rassemblait huit jeunes artistes américains, représentatifs de la génération émergente de photographes de paysage, auxquels s’était joint le couple allemand Bernd et Hilla Becher. Robert Adams, Lewis Baltz, Joe Deal, Frank Gohlke, Nicholas Nixon, John Schott et Henry Wessel présentaient chacun vingt tirages noirs et blancs, tandis que Stephen Shore montrait vingt images en couleurs prises à la chambre. Tous s’écartent du paysage naturel et questionnent le paysage industriel voire post-industriel d’une façon frontale, dénuée de tout romantisme, celui-ci étant considéré comme quelque peu naïf à l’époque de la guerre du Vietnam et des émeutes raciales. New Topographics est depuis devenu un manifeste pour une nouvelle vision de la photographie de paysage. 

14. Sleeping by the Mississippi par Alec Soth (2004)

Sleeping par the Mississippi d’Alec Soth est l’une des publications les plus marquantes de l’ère du livre photo. Publié pour la première fois par Steidl en 2004, il s’agit du premier livre d’Alec Soth, vendu en trois tirages, et qui l’a établi comme l’un des chefs de file de la pratique photographique contemporaine. Issu d’une série de voyages le long du Mississippi, Sleeping par the Mississippi capture la « troisième côte », emblématique mais souvent négligée, de l’Amérique. Les photographies couleur grand format de Soth, richement descriptives, présentent un mélange éclectique d’individus, de paysages et d’intérieurs. Sensuel dans le détail et brut dans le sujet, Sleeping par the Mississippi suscite une atmosphère constante de solitude, de nostalgie et de rêverie. A travers ce livre, Soth fait allusion à la maladie, à la procréation, à la race, au crime, à l’apprentissage, à l’art, à la musique, à la mort, à la religion, à la rédemption, à la politique et au sexe à bon marché.

15. The Somnambulist par Ralph Gibson (1970)

Le livre mythique The Somnambulist est publié en 1970. Il représente le premier volet de The Trilogy, complétée par Déjà-Vu (1973) et Days at Sea (1974). The Somnambulist bouleverse alors les codes de l’édition de livres de photographie traditionnelle, dominée à cette époque par le photojournalisme. Ralph Gibson, très influencé par le cinéma de la Nouvelle Vague française et le Nouveau Roman, conçoit un ouvrage d’un genre nouveau, déployant son langage photographique à travers une mise en page où des images souvent mystérieuses et troublantes, non accompagnées de texte, se suffisent à elles-mêmes. Essuyant le refus des maisons d’édition traditionnelles, Ralph Gibson décide de publier lui-même son livre et crée sa maison d’édition Lustrum Press. Le livre, considéré comme une œuvre d’art à part entière, connaît un succès mondial.

16. The Last Resort par Martin Parr (1986)

Un quart de siècle ou presque après sa publication, il est difficile de sous-estimer l’importance de The Last Resort, tant pour la photographie britannique que pour la carrière de Martin Parr. C’est entre 1982 et 1985 que Martin Parr réalise la série The Last Resort. Entre satire et cruauté – non dénuées d’une certaine tendresse pour ses congénères anglais –, il dresse le portrait de familles aux revenus modestes prenant leurs vacances à New Brighton près de Liverpool, petite station balnéaire en déclin. Ce qui aurait dû ressembler à un quartier d’été, passé à la moulinette de Parr, prend soudain des airs de zone industrielle. Avec une ironie mordante, Martin Parr évoque dans The Last Resort, sa nostalgie des années 60. Il dénonce la fin d’un monde (le monde ouvrier) et de ses valeurs, ainsi que l’avènement d’une nouvelle conception, consumériste de la vie.

17. Cape Light par Joel Meyerowitz (1979)

Cape Light, la série de photographies en couleurs sereines et contemplatives de Joel Meyerowitz prises à Cape Cod, au Massachusetts, est rapidement devenue l’un des livres de photo les plus influents et les plus populaires de la dernière partie du 20e siècle après sa publication en 1978, innovant à la fois pour la photographie couleur et pour l’acceptation du médium dans le monde de l’art.

18. The Solitude of Ravens par Masahisa Fukase (1986)

Régulièrement cité comme l’un des plus importants livres de photographie, Ravens du japonais Masahisa Fukase fut publié pour la première fois en 1986 en deux éditions qui furent très vite épuisées. Cette série habitée a été  réalisée entre 1975 et 1986 à la suite du divorce du photographe et fut apparemment déclenchée par un voyage en train vers sa ville natale lors d’un deuil. Les images sombres et évocatrices de Fukase sur les corbeaux explorent ainsi les thèmes de la solitude et de la perte. Les compositions austères et les tons mélancoliques des images transmettent un profond sentiment d’isolement.

19. Yosemite and the Range of Light par Ansel Adams (1979)

Considéré comme l’un des photographes de paysage les plus importants de tous les temps, Ansel Adams était un maître visionnaire dont les images en noir et blanc grand format retranscrivaient avec éloquence la beauté naturelle des États-Unis. Publié en 1979, sa monographie la plus emblématique est centrée sur le parc de Yosemite, un lieu qui a inspiré son parcours photographique et avec lequel il est devenu indissociable. Lors de vacances en famille en 1916, Adams, alors adolescent, reçut un appareil Eastman Kodak Brownie de la part de son père, déclenchant une passion qui engendrera certaines des images les plus iconiques et influentes du début du 20e siècle.

20. Tulsa par Larry Clark (1971)

Lorsqu’il est apparu pour la première fois en 1971, le livre révolutionnaire de Larry Clark, Tulsa, a suscité une controverse immédiate à travers le pays. Ses représentations graphiques du sexe, de la violence et de la toxicomanie dans la culture des jeunes de l’Oklahoma ont été acclamées par les critiques pour avoir mis à nu le mythe selon lequel l’Amérique centrale avait été immunisée contre les convulsions sociales qui ont secoué l’Amérique dans les années 1960. Les images brutes et obsédantes prises en 1963, 1968 et 1971 documentent une culture jeune progressivement submergée par l’autodestruction et sont aussi émouvantes et dérangeantes aujourd’hui qu’à leur apparition.

21. Photographs: 1970-1990 par Annie Leibovitz (1991)

Une collection marquante du travail d’Annie Leibovitz, ce livre couvre deux décennies de sa carrière, mettant en lumière sa capacité à capturer l’essence de ses sujets. Avec des portraits iconiques de célébrités aux photographies personnelles et émotionnelles, il consolide son statut comme l’une des plus grandes photographes de son époque.

22. Evidence par Larry Sultan et Mike Mandel (1977)

En recontextualisant des images trouvées, ce livre photo conceptuel a repoussé les limites de la photographie. Sultan et Mandel ont transformé des photos institutionnelles banales en œuvres d’art visuel provocantes. L’absence de légendes invite les spectateurs à créer leurs propres interprétations. Son influence s’étend à la photographie conceptuelle et aux projets d’archives. Evidence est une œuvre pionnière dans l’engagement de la photographie avec le sens et le contexte.

23. In the American West par Richard Avedon (1985)

Un maître de la photographie de mode et d’art américaine se consacre à la capture — dans une série de portraits photographiques — des cowboys, des roustabouts, des vagabonds, des joueurs, des filles de bar et autres qui caractérisent l’expérience occidentale moderne. Les de Richard Avedon humanisent l’Ouest américain souvent stéréotypé. Son approche minimaliste met aussi en lumière l’individualité de ses sujets.

24. On Photography par Susan Sontag (1977)

Sur la photographie (titre en français) est une étude de la force des images photographiques qui s’insèrent continuellement entre l’expérience et la réalité. Sontag développe plus avant le concept de « transparence ». Lorsque tout peut être photographié et que la photographie a détruit les frontières et les définitions de l’art, un spectateur peut aborder une photographie librement, sans s’attendre à en découvrir le sens. Ce recueil de six essais lucides et revigorants constitue une exploration profonde de la manière dont l’image a bouleversé la société.

25. Raised by Wolves par Jim Goldberg (1995)

Souvent considéré comme le projet phare de Goldberg, Raised by Wolves, originellement publié en 1995, combine dix années de photographies originales, de textes et d’autres éléments d’illustration (photos de films familiaux, instantanés, dessins, entrées de journaux intimes et images d’objets jetés) pour documenter la vie d’adolescents en fugue à San Francisco et Los Angeles. Le livre est rapidement devenu un classique dans le canon du livre photo et, par conséquent, l’original est essentiellement indisponible.

26. Exiles par Josef Koudelka (1988)

En 1970, après avoir été reporter lors de l’invasion soviétique, Josef Koudelka renonce à sa nationalité tchèque, devient apatride et entame un long voyage : celui de l’exil. Traversant les frontières de l’Europe, en homme libre, il photographie ce qu’il voit : les lieux, les objets, les âmes. Ces images de vie dégagent une profondeur et une force invraisemblables. À la fois nomade et visionnaire, Koudelka dépeint un monde où le tragique investit le quotidien. La sélection d’images que nous propose Exils nous emmène dans un voyage qui nous en dit autant sur l’être que sur l’ailleurs et qui trouve aujourd’hui une particulière acuité, au moment où l’Europe est secouée de crises.

27. Diane Arbus: An Aperture Monograph par Diane Arbus (1972)

Cette collection posthume des œuvres de Diane Arbus est une exploration intemporelle de la diversité humaine. Ses portraits de sujets non conventionnels remettent en question les normes et attentes sociétales. Le livre met en avant sa capacité à trouver de la beauté mais aussi de la complexité dans la vie de personnes considérées comme marginales. Il a présenté le génie d’Arbus au monde, et son héritage continue d’inspirer les photographes contemporains.

28. Paolo Roversi: Studio par Paolo Roversi (2006)

Dans l’intimité du studio d’un des plus grands de la photographie de mode. Depuis 1980, Paolo Roversi travaille pour les plus prestigieux magazines de mode et les plus grandes marques. Avec sa chambre polaroïd son style est devenu inimitable. Depuis des années il travaille sur ce livre, fruit d’un travail méticuleux et patient où des images personnelles inédites : des images de l’architecture de son studio, des natures mortes d’objet qu’il côtoie en travaillant côtoient les icônes de la photographie de mode comme ses portraits d’Ines de la Fréssange ou de nombreux tops, le plus souvent nues… Loin des images de mode, un univers intime et beau.

29. Farewell Photography par Daido Moriyama (1972)

La déconstruction radicale de la photographie par Daido Moriyama remet en question les esthétiques traditionnelles. Les images granuleuses et brutes du livre repoussent les limites du médium. Son approche expérimentale reflète le rejet par Moriyama de la narration conventionnelle. Farewell Photography est une pierre angulaire de la photographie d’avant-garde japonaise. Il continue d’inspirer les photographes en quête de dépassement des normes établies.

30. Early Color par Saul Leiter (2006)

Bien qu’Edward Steichen ait présenté certaines des photographies en couleur de Saul Leiter au MoMA en 1953, son œuvre est restée pratiquement inconnue de monde de l’art pendant plus de 40 ans. Ce livre, publié par Steidl en 2006, a été un grand succès. Saul Leiter, fils d’un rabbin renommé, étudiant en théologie, décida à 23 ans de rompre avec la tradition qu’il juge étouffante et de devenir peintre. Puis, après avoir visité l’exposition Cartier-Bresson au MoMA, il choisit de se consacrer à la photographie. Ses images témoignent d’une capacité à voir, à découvrir des choses mystérieuses dans des lieux familiers mais étonnants. Saul Leiter sait aussi admirablement jouer du fixe et du bougé, du net et flou, du confus et arrivent à la surface du visible, comme des traces, des indices, des trouvailles.

31. Life is Good & Good for You in New York par William Klein (1956)

Life is Good & Good for You in New York de William Klein est considéré comme l’un des livres photo les plus influents et révolutionnaires créés au cours des 70 dernières années. Publié en 1956, son énergie visuelle a capturé les rues rugueuses et tumultueuses de New York, une ville que Klein une fois décrit comme la capitale mondiale de l’angoisse. Robert Capa a déclaré que si vos photos n’étaient pas bonnes, c’était parce que vous n’étiez pas assez proche de votre sujet, et dans le New York de Klein, les gens se pressent contre l’objectif, dansent autour, font des grimaces, faire semblant de se tirer dessus-un chaos visuel qui est rigoureusement organisé par Klein.

32. The Nature of Photographs par Stephen Shore (2007)

Avec ce livre, Stephen Shore explore les différentes manières de regarder et de comprendre la photographie sous toutes ses formes : images emblématiques ou photographies trouvées, négatifs ou fichiers numériques. Fondé sur ses nombreuses années d’enseignement de la photographie à Bard College, dans l’État de New York, La nature des photographies (titre français) est un outil indispensable pour les étudiants et les enseignants, mais aussi pour tous ceux qui souhaitent réaliser de meilleures photographies ou apprendre à mieux les regarder. Outre un choix des propres photographies de l’auteur, l’ouvrage est illustré d’images de toutes les époques de l’histoire de la photographie, des œuvres des maîtres fondateurs tels Alfred Stieglitz et Walker Evans à celles d’artistes contemporains comme Collier Schorr et Thomas Struth. Tous les genres y sont abordés : photographie de rue, photographie d’ art et photographie documentaire, ainsi qu’images de photographes anonymes.

33. Carnival Strippers par Susan Meiselas (1976)

De 1972 à 1975, Susan Meiselas a passé ses étés à photographier les strip-teaseuses de foire dans les petites villes de Pennsylvanie et de Caroline du Sud. Elle suit alors les performeuses de ville en ville, les photographie sur scène mais aussi dans leur vie intime, créant des images uniques pour leur approche à la fois empathique et documentaire. Le livre combine des images puissantes et des interviews, ajoutant de la profondeur au récit, défiant les stéréotypes en humanisant ses sujets et leur environnement. Carnival Strippers est une œuvre pionnière et sa perspective féministe continue d’influencer les photographes et les universitaires.

34. William Eggleston’s Guide par William Eggleston (1976)

Ce livre a consolidé la place d’Eggleston en tant que pionnier de la photographie en couleur. Ses images du sud des États-Unis transforment des scènes banales en moments vibrants et cinématographiques, pour une étude emblématique des lieux et des ambiances. La publication de ce livre a aussi marqué un tournant pour la couleur dans la photographie d’art. Son influence se perçoit aujourd’hui dans la narration visuelle contemporaine. 

35. The Pencil of Nature par William Henry Fox Talbot (1844–1846)

Cet ouvrage révolutionnaire de Fox Talbot est le premier publié à utiliser des illustrations photographiques. Il sert d’exploration visuelle et textuelle du potentiel de la photographie, présentant des calotypes précoces accompagnés d’essais sur l’avenir du médium. Ce livre a ouvert la voie à la reconnaissance de la photographie comme art et science. The Pencil of Nature est à la fois significatif sur le plan historique et un témoignage intemporel du pouvoir de l’innovation photographique. Son influence perdure comme un jalon de l’histoire de la photographie.

36. Pictures par Herb Ritts (1998)

Les images en noir et blanc caractéristiques d’Herb Ritts ont redéfini la photographie de mode moderne. Ses lignes sculpturales et son style intemporel ont influencé une génération de photographes et élevé la photographie de mode au rang d’art.

37. The Animals par Garry Winogrand (1968)

L’un des principaux représentants du mouvement américain de la photographie de rue, le photographe Gary Winogrand (1928-1984) a combiné tout au long de sa carrière improvisation, fluidité, appétit, énergie et surtout instinct photographique. The Animals est composé de 43 photographies en noir et blanc prises au zoo de Central Park sur une période de sept ans, entre 1962 et 1969. Publiées par le Museum of Modern Art, les photos ont été réalisées avec un objectif grand angle. Ici, le zoo devient un théâtre où les hommes et les animaux, unis dans une forme de symbiose, témoignent du drame comique de la vie urbaine moderne.

38. Let Us Now Praise Famous Men par Walker Evans and James Agee (1941)

Cette collaboration de documents associe photographie et prose pour documenter les fermiers métayers pendant la Grande Dépression. Les portraits austères d’Evans et la prose lyrique d’Agee créent ainsi un récit profondément émouvant. Le livre élève les vies ordinaires des sujets photographiés et sert de modèle pour la narration engagée socialement. Let Us Now Praise Famous Men est une exploration profonde de la dignité au milieu de l’adversité.

39. Paris la nuit par Brassaï (1933)

Brassaï considérait les années 1932 et 1933 comme les plus importantes de sa vie, puisqu’elles correspondaient à une époque où coup sur coup il avait fait la connaissance de Picasso, publié son Paris de nuit et collaboré à la revue Minotaure avec les surréalistes. Mais il ajoutait aussitôt, comme pour se démarquer du groupe : « Le surréalisme de mes images ne fut autre que le réel rendu fantastique par la vision. Je ne cherchais qu’à exprimer la réalité, car rien n’est plus surréel… Mon ambition fut toujours de faire voir un aspect de la vie quotidienne comme si nous la découvrions pour la première fois. » La poésie insolite et envoûtante de Paris de nuit, son premier livre de photographies, traduit fidèlement ce credo dans les réserves inépuisables du quotidien. La première édition de cet ouvrage mythique est parue en 1933 aux Éditions Arts et Métiers Graphiques.

40. Passing Through Eden par Tod Papageorge (2007)

Le livre de Papageorge capture la vie et les rythmes de Central Park à New York. Ses images en noir et blanc tissent ensemble des moments de joie, de solitude et de relation entre les new-yorkais, et la séquence du livre révèlent l’intemporalité du quotidien dans une ville aussi grande. Passing Through Eden est ainsi une exploration poétique de la nature humaine dans les espaces publics, et une célébration du parc en tant que microcosme de la ville.

41. A Different Vision on Fashion Photography par Peter Lindbergh (2016)

A Different Vision on Fashion Photography rassemble quatre décennies d’images d’un photographe de mode avant-gardiste, Peter Lindbergh. Peu de praticiens ont façonné le genre comme ce photographe allemand, renommé pour ses portraits emblématiques et naturels, imprégnés d’une intensité cinématographique. Avec plus de 300 images (dont beaucoup inédites), ce livre rétrospective rend hommage au regard d’un maître de la photographie, dont l’œuvre a tracé la voie à des générations de photographes de mode.

42. Tokyo Compression par Michael Wolf (2010)

Le livre de Michael Wolf capture les réalités claustrophobes du métro bondé de Tokyo. Les portraits en gros plan de passagers derrière des fenêtres embuées sont visuellement saisissants. Ce livre critique ainsi les pressions de la vie urbaine avec empathie. Tokyo Compression est aussi une exploration moderne de l’aliénation et de la résilience, et son approche innovante a influencé la photographie urbaine et de portrait.

43. Morocco par Harry Gruyaert (1990)

C’est en plongeant dans ses archives qu’Harry Gruyaert a redécouvert un grand nombre d’images qu’il avait faites au Maroc et qu’il avait oubliées. Ce livre présente une suite de variations sur le même thème : l’envoûtement que ce pays exerce sur le photographe depuis son premier voyage dans les années 1970. Morocco, avec sa couverture toilée, invite à une traversée sensorielle du Maroc à l’opposé des codes du photoreportage.

44. Immediate Family par Sally Mann (1992)

Prises dans sa maison d’été en forêt de Virginie, les photos extraordinaires de Sally Mann dans l’intimité de ses enfants révèlent des vérités sur l’individualité de sa propre famille tout en ayant aussi une qualité universelle. On y décèle des thèmes tels que l’innocence, la mortalité et le passage du temps. Immediate Family a aussi suscité des débats sur les frontières entre l’art et la vie privée, cimentant ainsi sa place dans l’histoire de la photographie.

45. La Terre vue du ciel par Yann Arthus-Bertrand (1999)

Publié en 1999, La Terre vue du ciel a rencontré un immense succès auprès du public : traduit dans 19 langues, le livre s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires. Les photographies de Yann Arthus-Bertrand ont également fait le tour de la planète à travers de grandes expositions, et font aujourd’hui figures de classiques. Ce livre sensibilise les lecteurs aux enjeux écologiques de notre temps, et Yann Arthus-Bertrand s’est imposé plus que jamais comme un témoin universel pour comprendre et agir.

46. Nothing Personal par Richard Avedon and James Baldwin (1964)

Utilisant à la fois l’image et le texte, Avedon et Baldwin interrogent ici la formation de l’identité et les liens qui sous-tendent autant qu’ils ébranlent les rapports humains. L’ouvrage explore les problématiques et les contradictions qui n’ont cessé d’être au cœur de l’histoire américaine, et se révèlent particulièrement d’actualité aujourd’hui, à l’ère de Donald Trump. Dans sa dernière édition par Taschen, un livret complémentaire de 72 pages présente un essai inédit de Hilton Als, critique et lauréat du prix Pulitzer, ainsi que de nombreuses photos supprimées d’Avedon et jamais montrées auparavant, des lettres, des prototypes de maquettes et des documents d’époque.

47. Eugène Atget par Berenice Abbott (1930)

Atget, photographe de Paris par Berenice Abbott est un hommage captivant au travail pionnier d’Eugène Atget, un photographe qui a capturé l’essence de Paris au début du 20e siècle. Le livre met en lumière le talent d’Atget pour documenter l’architecture, les rues et la vie quotidienne de la ville avec une qualité poétique et intemporelle. Abbott, photographe reconnue elle-même, a joué un rôle crucial dans la préservation et la promotion de l’héritage d’Atget, reconnaissant la valeur artistique et historique de son travail. À travers des images évocatrices et des commentaires perspicaces, le livre est une exploration essentielle de l’histoire parisienne.

48. Pictures from Home par Larry Sultan (1992)

Publié pour la première fois en 1992 et largement salué par la critique, Pictures From Home est le pendentif de Larry Sultan à ses parents. Larry Sultan est retourné périodiquement en Californie du Sud dans les années 1980 et la séquence, qui s’étend sur une décennie, passe d’un registre à l’autre, combinant des photographies contemporaines avec des images de films familiaux, des fragments de conversation, les écrits de Larry Sultan et d’autres souvenirs. Le résultat est un collage narratif dans lequel la frontière entre le documentaire et la mise en scène devient de plus en plus ambiguë. Simultanément, la distance habituellement maintenue entre le photographe et ses sujets glisse également dans un échange de dialogue et d’émotion qui est unique à ce travail.

49. Humans of New York par Brandon Stanton (2013)

Ce livre photo viral célèbre la diversité et les histoires des New-Yorkais du quotidien. En combinant portraits et anecdotes courtes, il crée une tapisserie des habitants de cette ville. L’accessibilité du livre et des images ont révélé les capacités de la photographie narrative à un public non connaisseur. Humans of New York est ainsi un phénomène culturel dans la photographie du 21e siècle.

50. 60 Years of Photography par André Kertész (1972)

Andre Kertesz dit un jour que « la photographie devrait être réaliste ». Pourtant, les plus de deux cents photographies de ce volume prouveraient, s’il en était besoin, à quel point la réalité est fantastique, surréaliste et « irréaliste ». Voici des images irremplaçables de la Hongrie à l’époque de la Première Guerre mondiale ; des portraits d’Alexander Calder, Sergel Eisenstein, Marc Chagall, Maurice Vlaminck, Tristan Tzara et Colette, entre autres ; des scènes de la vie nocturne à Paris dans les années vingt et trente ; des vues surprenantes de l’Amérique, de l’Espagne, du Japon et de l’Europe ; et des études de sujets à la fois familiers et rares – nuages, couloirs, jours de pluie, verre brisé, escalier de Piet Mondraian, et un élégant serpent enroulé autour d’un bol de fleurs, dont la tête à crocs s’approche d’une souris blanche. Prises sur une période de 60 ans et superbement reproduites, ces photographies constituent la plus vaste collection jamais publiée de l’œuvre de Kertesz.

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