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Notre top 10 du concours Arles Books 2022

Lors des Rencontres de la Photographie à Arles, quatre prix du livre sont décernés. Trois d’entre eux sont accordés par l’équipe des Rencontres et récompensent : le prix du livre d’auteur, le prix du livre historique et le prix photo-texte. La fondation Luma, elle, accorde un prix à une maquette de livre n’ayant jamais fait l’objet d’une publication, avec le fameux Dummy Book Award. En parallèle, voici notre sélection des 10 meilleures publications présentées lors du festival.

1. Pornoland Redux – Stefano De Luigi – Auto-édition 

Couverture de Pornoland Redux

Plongée dans le milieu de la pornographie avec le livre autoédité Pornoland Redux. Membre de l’Agence VII, le photographe Stefano De Luigi s’est rendu sur les plateaux de tournage des films X. Loin des images pornographiques, Stefano De Luigi s’attarde sur les détails et photographie ce qu’on n’attend pas à voir. Instants de pause, de préparation, Pornoland Redux est un making-of mais pas vraiment. Le photographe ne documente pas en tant que tels les tournages mais cherche à sublimer les acteurs et les actrices tout en n’échappant pas à leur réalité.Dans les images de Stefano De Luigi, Silvia Mazzucchelli dit que « l’âme des acteurs apparaît avant leur corps. » 

Pornoland Redux, Auto-édition, Seulement 350 copies, 80,00€.

2. Rien que la mer – Tomoya Fujimoto – Amers Editions

Couverture de Rien que la merTomoya Fujimoto

La mer, la mer, rien que la mer. Reproduire la mer, c’est presque le graal pour un grand nombre d’artistes. Comment photographier la mer ? Comment la reproduire, la capturer ? C’est le sujet d’une vie et on peut presque affirmer qu’aucun artiste n’y est jamais vraiment parvenu. Mais certains arrivent néanmoins à s’approcher de cette beauté et c’est le cas de Tomoya Fujimoto. Dans sa série d’images de la surface de la mer à Lanzarote, le photographe présente un travail radical et quasiment monochrome sur la texture et la matière  Il écrit à propos des vagues : « J’ai voulu les photographier avec sobriété et radicalité, dans leurs reflets du ciel, au coucher du soleil et à la nuit tombante, dans la lumière et la noirceur. »

Tomoya Fujimoto – Rien que la mer, Seconde édition, 47,00 €.

3. Toros. The marking of a territory – Maurizio Montagna – Artphilein Editions

Couverture de The Marking of a Territory

Cartographie de l’Espagne à travers l’image du taureau d’Osborne créé en 1956 par l’artiste Manolo Prieto. Conçu à l’origine comme panneau publicitaire par le groupe Osborne (entreprise espagnole spécialisée dans la fabrication de vins et de spiritueux) le taureau est devenu aujourd’hui un des symboles les plus connus d’Espagne. On le trouve sur tout le territoire, à des endroits stratégiques, le long de routes très fréquentées, souvent sur des collines pour que sa silhouette se découpe sur le ciel et soit vue de loin. Maurizio Montagna s’est intéressé à sa présence dans le territoire. Non sans humour, le photographe dresse un portrait atypique du pays.

Toros. The Marking of a Territory, Artphilein Editions, Lugano, SFr. 55,00.

4. Metrópolis. Buenos Aires 1988 – 1999 – Adriana Lestido – Rm Verlag & Ediciones Lariviere

Couverture de Metropolis

L’ouvrage « Metrópolis. Buenos Aires 1988 – 1999 » revient sur les archives d’Adriana Lestido. Née à Buenos Aires, elle a photographié en noir et blanc sa ville dans les années 90. Apparaît une Buenos Aires insaisissable, fragmentée et inégale sur le plan social, représentant des êtres délaissés, anonymes, solitaires ou simplement résignés. L’écrivain et éditeur argentin Juan Forn écrit à propos des images d’Adriana Lestido : « Je ne sais pas pour vous mais si on me montrait ces photos, je voudrais immédiatement voir le film dans lequel cette photographe a tourné. Le décor est là, sous nos yeux. Il suffit d’imaginer une jeune femme en blouson de cuir, sac à la main et cheveux noirs ondulés, qui parvient à se rendre invisible pour capturer ces scènes d’un Buenos Aires sur le point de disparaître. »

Metropolis, RM editorial, 35,00€.

5. Transi – Margot Jourquin – Auto-édition

Couverture de Transi

On feuillette l’ouvrage Transi de Margot Jourquin comme une plongée dans l’infini et dans ce questionnement insoluble du mystère de la mort. La photographe a suivi les professionnels qui viennent s’occuper du corps, de la famille et de l’organisation de la cérémonie funéraire. « Ces passeurs, qui opèrent une transition entre le monde des vivants et le monde des morts, travaillent dans une temporalité suspendue. Leurs gestes sont le résultat de rituels anciens qui ont évolué avec la société. » À travers une série de détails photographiés en noir et blanc, Margot Jourquin rend hommage à ces personnes, à leur délicatesse et in fine à la vie.

6. Fotografia impressa e propaganda em Portugal no Estado Novo – Collectif, sous la direction de Filomena Serra – Editorial Muga

Couverture de Fotografia impressa e propaganda em Portugal no Estado Novo

Retour sur la production éditoriale intense de l’Estado Novo, nom donné au régime corporatiste installé au Portugal de 1933 à 1974 et développé par Salazar. À travers 50 textes, 400 pages et 238 photographies, le livre « Fotografia impressa e propaganda em Portugal no Estado Novo » dirigé par la chercheuse Filomena Serra revient sur les publications historiques de la propagande salazarienne (livres, revues et catalogues). En regard, elle présente des éditions protestataires au régime durant ses années dictatoriales : le surréalisme de Fernando Lemos, l’humanisme de Palla et Martins ou des critiques du régime autoritaire de Salazar. L’ouvrage est déjà devenu une référence sur le sujet pour les historiens, les chercheurs, les collectionneurs et les photographes.

Fotografia impressa e propaganda em Portugal no Estado Novo, Filomena Serra, 49,00€.

7. Nos prisons – Maxence Rifflet – Le Point du Jour

Couverture de Nos prisons

Tout commence quand, en septembre 2012, une association propose à Maxence Rifflet de mener un atelier de photographie à la maison d’arrêt de Strasbourg. Le photographe ne répond pas d’emblée, il s’interroge sur ce rôle à prendre. Il écrit : « Le monde carcéral me paraissait une situation de travail presque impossible (…) Le lieu commun qui voit la photographie comme un prétexte à pousser des portes se heurtait là à un paradoxe évident : la prison ne pouvait pas prendre place sans difficulté dans un programme d’ouverture au monde. » Après un temps de réflexion et de recherche, le photographe accepte. Il finira même par travailler dans sept prisons, pendant plus de trois ans. De cette série, il en ressort des photographies loin des clichés habituels. « Plutôt que d’utiliser la photographie pour révéler la réalité cachée de la prison, j’ai utilisé la prison pour repenser mon outil, la photographie. » Un réel coup de maître.

Nos prisons, Le Point du Jour, 32,00€.

8. Samizdat – Roberto Aguirrezabala – Auto-édition

Couverture de Samizdat

Variations sur le thème du samizdat. Autoédité comme l’étaient les samizdat (ouvrages censurés en URSS et dans les pays du bloc de l’Est et qui étaient vendus sous le manteau), l’ouvrage du photographe Roberto Aguirrezabala revient sur l’histoire de ces livres et de l’époque où ils ont été édités. Composé de trois chapitres liés les uns aux autres, « Samizdat » est un bijou de mise en page. Entre papiers administratifs, images d’archives et extraits de ces fameux livres, ce récit imagé traverse l’histoire et nous plonge dans ce milieu underground et résistant mais toujours avec un brin d’humour. Le livre débute d’ailleurs avec ces quelques mots du photographe : « Je l’écris moi-même, l’édite moi-même, le censure moi-même, le publie moi-même, le distribue moi-même et passe moi-même du temps en prison pour ça. »

Samizdat, Auto-édition, 290,00€.

9. Almanac of Suspension – Collectif – Witty Books

Couverture de Almanac of Suspension

Le 9 mars 2020, l’Italie se confine pour la première fois en raison du Covid. Une période historique et difficile débute pour de nombreux citoyens. Le ministère de la Culture, en collaboration avec la Triennale de Milan et le musée de la photographie contemporaine lancent deux appels aux photographes pour documenter leur quotidien. L’ouvrage « Almanach of Suspension » édité par Witty Books rassemble ses images prises par plus de quarante photographes (Fabrizo Bellomo, Tomaso Clavarino, Giulia Iacolutti, Alba Zari…). Réalisé comme un Almanach, « Almanac of Suspension » présente une photo par jour, sur une année entière, un document d’archive précieux pour ceux qui dans le futur demanderont : « C’était comment cette période confinée sous le Covid ? »

Almanac of suspension, Witty Kiwi Books, 30,00€.

10. El Retrato de tu ausencia – Alejandro Morales – Auto-édition

Couverture de El Retrato de tu ausencia

Né à Juárez (Mexique), Alejandro Morales efface les corps dans les fréquents rapports de scènes de crime publiés dans P.M., le journal local de sa ville de naissance. Depuis 2010, le photographe a collecté plus de 500 images et exécuté ce geste d’effacement sur chacune d’entre elles. Il emploie toujours la même technique en utilisant une gomme en caoutchouc. Ce procédé permet de créer en lieu et place du défunt une surface blanche, comme si le corps était devenu poudre et poussière. Projet d’accumulation, d’obsession et de résistance, l’artiste déploie ses images de différentes manières : dans des vidéos, des installations ou dans un livre comme celui présenté au Dummy Book Award et intitulé : « El retrato de tu ausencia », quiredonne le respect aux morts.

El Retrato de tu ausencia, SOLAR colección, 236,55$.

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