Il y a maintenant plus d’un an, l’invasion de l’Ukraine par la Russie commençait. Dans ce conflit territorial qui rebat les cartes de l’équilibre mondial, beaucoup d’Occidentaux découvraient alors les paysages maintenant ravagés qui habillent ce grand pays qui borde la mer Noire.
Au cœur de cette guerre se trouve la revendication par le Kremlin des régions de l’Est ukrainien. Notamment la ville de Donetsk, centre économique de la province séparatiste du Donbass. C’est dans cette province que se déroule l’action de « Vitaly’s House », une série réalisée en 2021 par le photographe américain Joe Perri, 32 ans. Un ensemble d’images produites parallèlement au court métrage Moeder de son ami Salomon Lightelm.
Vitaly le jeune mineur
Moeder revient sur le rôle essentiel joué par un groupe de mineurs lors de la première guerre d’Ukraine, en 2014. Bravant les bombardements, au péril de leur vie, ces travailleurs de l’extrême continuèrent sans relâche à creuser la terre qui les nourrit. Un dévouement qui permit de maintenir en partie l’activité économique de la région et qui participa énergiquement à l’effort de guerre. Une détermination qui ne fut pas dépourvue d’accidents et de drames.
Sans le dévoiler, c’est un de ces drames que nous raconte Moeder. Parmi les mineurs présents dans le film de Salomon Lightelm, Vitaly, jeune mineur en prise avec sa condition et les évènements tragiques qui le hantent. Il est le personnage central de la mini-série proposée par Joe Perri et captée dans la banlieue de Kiev peu de temps avant le début de l’offensive russe.
« Ce projet a été réalisé en octobre 2021, 4 mois avant l’invasion de l’Ukraine », précise Joe Perri. « Les conditions avaient l’air tout à fait normales à l’époque, malgré ce qui pouvait circuler, il n’y avait aucune allusion à une quelconque incursion pendant que nous étions là-bas. » Les conditions lui permettent de capter la lumière et l’âme des lieux dans des moments qui semblent suspendus.
« L’Ukraine a été gravement déracinée par l’invasion russe »
Dans cette démarche, Joe Perri s’est principalement attaché à la maison de Vitaly. Les pièces dans lesquelles il évolue sont comme des marqueurs émotionnels pour lui. « J’ai toujours été intéressé par la façon dont nos logements et notre présence en leur sein peuvent révéler notre état mental », explique-t-il. « Compte tenu du décor, de la tension qui règne dans Vitaly’s House, et de la réflexion du personnage, une énergie mélancolique se crée. »
Aujourd’hui, une nouvelle page de l’Ukraine s’écrit. Certainement la plus terrible au regard des villes détruites et du nombre de morts que la guerre sème derrière elle. Et comme souvent dans ce type de conflit territorial, beaucoup de déplacés ont dû rejoindre des provinces plus « calmes » du pays, voire le quitter en attendant des jours meilleurs.
Joe Perri en a bien conscience : « L’Ukraine a été gravement déracinée par l’invasion russe. La plupart de notre équipe à Kiev a été déplacée, comme des milliers d’autres. Nous avons l’obligation morale de les aider et de nourrir de l’espoir pendant qu’ils traversent l’enfer de la guerre. Ce travail est dédié aux secours afin de soutenir ceux qui ont été touchés et de participer lentement à la reconstruction de ce qui a été brisé. »
Vitaly’s House – Joe Perri est visible sur le site internet du photographe