Photographe irlandais, Tom Wood a capturé l’Angleterre des années 1980-1990 pendant près de trente ans. À commencer par les clubs underground de New Brighton : « J’ai vécu à New Brighton, dans le Merseyside. Le premier livre que j’ai réalisé portait sur Chelsea Reach, une boîte de nuit, au bord de la rivière, à cinq minutes de chez moi. Beaucoup de mes amis y allaient. On faisait la fête et on prenait des photos pour s’amuser. » Looking for Love, son premier livre et aussi le plus célèbre, immortalise les soirées arrosées, la liberté et les espoirs de la jeunesse du nord de l’Angleterre.
Son travail oscille entre la critique sociale, la photographie de rue et l’intime, ce qui lui vaut souvent la comparaison avec Chris Killip ou Martin Parr. Ce dernier le décrit d’ailleurs comme « le génie méconnu de la photographie britannique ». Génie certes, mais de moins en moins méconnu : depuis une dizaine d’années, Tom Wood a su se créer une place parmi les plus grands. Il est d’ailleurs un habitué de Paris Photo. Avec une première exposition individuelle en 2017, la Galerie Sit Down révèle son talent au monde francophone. Petit protégé de la galerie, on a également pu voir ses travaux à Paris Photo en 2021 avec « Remember Nature », et en 2022 avec « Révélations ». Cette année, la sélection donne à voir es archives extraordinaires de photographies de rue et de la vie nocturne qui rendent l’émulation de l’Angleterre des eighties, décennie de toutes les excentricités chromatiques.
Né au Royaume-Uni, Matt Wilson a quant à lui choisi de tourner son objectif vers les États-Unis. En 1988 qu’il s’envole pour New-York et y découvre la photographie. Il y expose ses estampes, mais le succès vient bien plus tard, lorsque Christine Ollier, alors directrice de la galerie Les Filles du Calvaire, lui propose d’exporter son travail en France. Sa série « This place called home » lui vaut une première exposition à Paris Photo en 2009, suivie de nombreuses partout dans le monde. Comme peintes, les photographies de Matt Wilson nous immergent dans une douce atmosphère rappelant celle des films américains des années 1960. Entre paysages irréels et images prises sur le vif, sa série « Stateside » capture la fin du rêve américain.
Aux côtés de ces deux britanniques, le travail de la française Pauline Fargue mêle photographie et écriture. Plasticienne de formation, elle manipule l’image et la pousse au-delà de ses retranchements. La photographie devient une matière à travailler, à découper, plier, ou traverser. Elle sort des cadres préconçus, au sens figuré comme au sens propre. La galerie Sit Down expose notamment la série « Nul jour », de petits carnets personnels croisant textes et photos. Une porte ouverte sur le monde intime et poétique de l’artiste.
Paris Photo, Grand Palais Éphémère, du 9 au 12 novembre 2022. / Galerie Sit Down, 4, rue Sainte-Anastase, 75003 Paris.