Il y a du Josef Koudelka dans les images chypriotes d’Andreas Vassiliou, du Josef Koudelka plongé chez les gitans, mais aussi le même lien ténu dans son parcours que le photographe Antoine Agoudjian entretient avec les Arméniens. Des images en noir et blanc, des portraits de femmes et d’hommes enracinés à leur terre, à la défendre, à la porter, à en être fier. Tout a commencé pour Andreas Vassiliou par une rencontre avec le photographe William Albert Allard, un ancien membre de l’agence Magnum, qui se rendait à Chypre afin de réaliser un reportage pour le National Geographic. Andreas Vassiliou était son guide, son fixeur.
Un jour avant de le quitter, William Albert Allard accepte de parcourir le portfolio d’Andreas Vassiliou composé de photos en noir et blanc d’enfants à besoins spécifiques dont il était assez fier et qu’il souhaitait montrer. William Albert Allard parcourt les images très rapidement, regarde Andreas et lui dit ses quelques mots qui l’ont marqué : « Le thème de la photo en lui-même ne suffit pas à faire une bonne image. Vous devez comprendre ce que vous photographiez et pourquoi vous le faites. Être respectueux et patient envers votre sujet. »
Cette remarque a été comme une révélation pour le jeune photographe, « tout devenait clair », il a réalisé alors n’avoir fait que ses premiers pas dans le métier. Depuis Andreas Vassiliou n’a jamais cessé de photographier la Chypre et les Chypriotes. Il erre dans ce pays et capture ce peuple, sa jeunesse, sa vieillesse et ses traditions avec en tête cette quête infinie de comprendre ses racines. « Chypre et ses Chypriotes ont des milliers d’années de tradition, d’histoire, et je voulais tout capturer. Jusqu’à ce jour, je continue à voyager, à collectionner et à construire une mosaïque du pays et des luttes quotidiennes de son peuple. »
Cypriots d’Andreas Vassiliou, édité par Tritone Press, 40 pages, 8€.