Les photos de Pawel Starzec montrent les endroits où des crimes ont été commis pendant la guerre de Bosnie, il y a 30 ans. Ce faisant, il documente non seulement les crimes, mais il pose également des questions difficiles sur la mémoire du pays quant à ces événements.
Le massacre de Srebrenica, au cours duquel plus de 8 000 Bosniaques ont été assassinés par des Serbes, fait partie de la mémoire collective universelle. Maisil existe d’innombrables autres endroits où des crimes de guerre ont eu lieu.
Dans sa série « Makeshift », réalisée entre 2013 et 2018, le photographe polonais Pawel Starzec montre une sélection de ces lieux. Pour ses recherches, il a principalement utilisé le rapport final des Nations Unies, qui mentionne plus de 700 emplacements. Pour Starzec, il ne s’agissait pas seulement de montrer ces lieux de terreur. Il a documenté ce qu’ils sont devenus après-guerre et comment la mémoire s’y est construite.
Une fois par an, avec leurs familles, les anciens prisonniers et survivants reviennent sur ce plateau abandonné pour se souvenir.
À ce jour, le projet d’ériger un mémorial dans la « maison blanche » est toujours à l’état de projet, aucun accord n’ayant pu être trouvé entre les différentes parties. En 2004, le groupe sidérurgique indo-britannique ArcelorMittal a rouvert dans les environs de l’ancienne mine. Le TPIY (Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) a condamné dix des auteurs pour leurs crimes.
Aujourd’hui, rien dans l’école primaire n’indique comment les prisonniers bosniaques et croates ont souffert à Trnopolje. On y trouve cependant un mémorial pour les soldats serbes morts à la guerre.
L’ancien camp se trouve désormais dans le district de la région administrative spéciale de Bosnie, à Brčko. En 2013, un mémorial avec des photos et des articles de journaux sur l’ancien camp de prisonniers a été installé à l’intérieur de l’un des halls.
Des proches, des survivants et des militants jettent 250 roses depuis les falaises dans la rivière en souvenir de ce jour. Les familles des victimes sont toujours à la recherche de 80 % des restes de leurs proches, les corps ayant été brûlés ou enterrés ailleurs.
Le 26 septembre 1997, le soldat serbe Nikola Jorgić de la région de Doboj a été reconnu coupable par le tribunal régional supérieur de Düsseldorf de génocide à l’encontre de 30 personnes et a ainsi été le premier criminel accusé de génocide en Bosnie.
A Sebrenica, située à onze kilomètres au sud, on se souvient chaque année des victimes du génocide des Bosniaques ; à Bratunac, on ne se souvient que des victimes serbes.
Le commandant serbe de Bosnie du camp de mai à novembre 1992, Branko Vlaco, a été condamné à une longue peine de prison en 2014.
L’activité hôtelière de Vilina Vlas a repris après la guerre. Si vous êtes client de cet hôtel de remise en forme, vous n’apprendrez rien sur son passé.
Que ce soit dans les brochures de tourisme ou sur le pont lui-même, on ne trouve pas la moindre référence à ces terribles événements survenus il y a 26 ans. Sur ce pont de pierre, il est seulement indiqué qu’il a inspiré le prix Nobel Ivo Andrićsfür pour son roman Le pont sur la Drina et qu’il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2007.
Ce crime a conduit à la condamnation à perpétuité les cousins serbes Milan et Sredoje Lukić. En 2013, les autorités locales ont voulu démolir la maison. Ce n’est qu’après les protestations des associations de victimes qu’elle a été l’un des rares endroits rénové et marqué d’une plaque des crimes commis contre la population.
Bien que le musée dispose d’une exposition permanente sur la guerre de Bosnie, il n’y a rien à lire sur le site officiel du musée quant à son passé de prison.
Jusqu’à présent, les membres d’une ONG de femmes victimes de la guerre n’ont pas réussi à installer une plaque commémorative devant la salle de sport pour rappeler les terribles crimes qui y ont été commis.
La maison de Karaman à Miljevina, près de la ville de Foča, dans l’actuelle Republika Srpska. Ici, femmes et mineures bosniaques musulmanes ont été retenues en captivité par les troupes serbes et violées durant plusieurs mois. Certains auteurs de ces crimes ont été condamnés par le TPIY et purgent de longues peines de prison.
L’un des criminels de guerre de l’époque, Vinko Martinović, condamné à 18 ans d’emprisonnement, a pu être libéré 6 ans avant la fin de sa peine. Son retour à Mostar est difficilement tolérable pour les victimes de ses crimes.
Stefan Günther
Responsable de la photographie n-ost. Après avoir étudié le design avec une spécialisation en photographie et travaillé pour un photographe international, il a travaillé en tant que photographe indépendant à Berlin. Depuis 2011, il a mis en place le département image de n-ost. Il parle le polonais et l'anglais.