Marilyn Monroe allongée sur le lit. Le sourire d’un ange enveloppé dans la soie, capturé par l’œil d’un jeune photographe. Douglas Kirkland aimait raconter cette rencontre irréelle. Nous avions eu la chance d’échanger avec lui en 2019, à la galerie GADCOLLECTION*, à Paris, pour son exposition intitulée « My Loves ».
Ses amours, c’était l’indomptable Brigitte Bardot jouant aux cartes, une cigarette pendue aux lèvres, Marilyn Monroe angélique, Naomi Campbell… Toutes les icônes du cinéma et de la mode sont passées devant l’objectif de Douglas Kirkland. Sa disparition, le 2 octobre dernier, à l’âge de 88 ans, a suscité une grande émotion dans le monde de la photographie.
Disciple d’Irving Penn
Né le 16 août 1934 à Toronto, au Canada, Douglas Kirkland découvre la photographie dès l’enfance, à travers les pages du magazine LIFE. Ses premiers modèles sont sa famille et ses proches. Il photographie les fêtes de famille, les anniversaires… aiguise son regard. Le jeune Kirkland, la vingtaine, s’installe ensuite aux Etats-Unis où il travaille pour un studio.
Fasciné par l’œuvre d’Irving Penn, il tente sa chance et sollicite le célèbre photographe pour devenir son assistant. « J’ai beaucoup appris avec lui. J’étais impressionné. Il était tout ce que je voulais devenir. J’ai appris avec lui comment raconter une histoire », nous confiait-il à Paris, de son large sourire et de ses profonds yeux bleus, aux côtés de sa femme Françoise.
Commence alors un début de carrière pour le magazine Look. Puis rapidement, Kirkland devient l’œil préféré des stars. Il immortalisera plus de 600 grandes célébrités, sera le photographe des plateaux de tournages des plus grands chefs-d’œuvre du 7e art comme 2001 : L’Odyssée de l’espace ou Titanic.
Ce qui animait Douglas Kirkland, c’était les rencontres, les histoires, l’intimité créée au sein du studio, le temps d’un instant. « Je m’intéresse aux gens que je photographie », aimait-il répéter.
Marilyn Monroe, DiCaprio, Coco Chanel… L’intime des stars
Dévoiler dans leur regard l’intimité des plus grandes célébrités, révéler jusqu’à leurs fragilité, c’était le formidable talent qui ressortait des photos de Kirkland. Sa série la plus emblématique reste celle de 1961 et la cinquantaine de photos iconiques de Marilyn Monroe dans ces draps de soie.
« J’étais impressionné. J’essayais de me calmer », confiait-il. Il passera trois jours avec l’icône. Une photo du making-of le montre perché sur une balustrade, les pieds à moitié dans le vide, prenant en photo depuis son perchoir Marilyn, allongée sur le lit. Moment unique dans la vie du photographe. En est ressorti une série inoubliable et un livre référence: An Evening with Marilyn.
A Mexico, sur le tournage du film Viva Maria !, réalisé par Louis Malle (1965), il rencontre Brigitte Bardot. « J’étais le seul photographe. Mais elle ne voulait pas travailler, elle voulait jouer. Alors j’ai joué avec elle. » Douglas Kirkland prend l’ange du cinéma français cigarette au bout des lèvres, en train de jouer aux cartes, assise sur un tapis. Irrésistible et éternelle.
Pour chaque portrait, Douglas Kirkland prenait le temps. Se désolait de voir l’industrie vouloir toujours aller plus vite. Lui aimait discuter avec son modèle, le connaître, pour saisir toute son humanité, sa dignité. Que ce soit Naomi Campbell, Audrey Hepburn, Michelle Obama, Leonardo DiCaprio, Andy Warhol, Coco Chanel et tant d’autres…
* Galerie GADCOLLECTION, 4 rue pont Louis-Philippe, 75004 Paris.