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Elizaveta Porodina, psychédélique mélancolie

Fotografiska New York met à l’honneur la photographe de mode et d’art, Elizaveta Porodina, au sein de l’exposition « Okna » (fenêtres). Une première mondiale.
Elizaveta Porodina
Jana Julius 2021 © Elizaveta Porodina

Si l’on dit souvent que « les yeux sont les fenêtres de l’âme », les images d’Elizaveta Porodina pourraient être le miroir de son inconscient. La photographe de 34 ans, nous offre une imagerie entre rêve et cauchemar, d’une féminité fatale, aux couleurs sensuelles et à la beauté intemporelle.

Bien qu’elle soit née à Moscou, Elizaveta Porodina déménage avec sa famille en Allemagne, à Munich, à l’âge de 13 ans. Sa mère l’initie à l’art et progressivement la jeune fille se façonne une importante culture visuelle. Elle décide cependant d’orienter sa carrière vers la psychologie clinique dans un premier temps, et utilise la photographie comme un simple divertissement, prenant en photo ses amis : « Je n’avais pas du tout l’intention d’être photographe ou artiste et j’ai juste commencé à prendre des photos de mes amis avec qui je traînais à l’époque, à la fin de ces séances, je ne mangeais pas, je ne buvais pas, je me sentais tellement exaltée par tout cela. J’ai réalisé que la passion qui brûle en moi lorsque je photographie est le meilleur sentiment et le plus captivant que j’ai jamais éprouvé. » Alors qu’elle est en phase d’apprentissage en psychiatrie, elle s’intéresse aux médias visuels, et en particulier à la photographie. 

Elizaveta Porodina
Autoportrait avec Maggie Maurer, muse et amie, 2021 © Elizaveta Porodina

À 22 ans, elle décide de suivre cette voie, tout en restant très influencée par l’humain et sa psychologie. « Je suis profondément fascinée par le fait que la personnalité n’est rien qui puisse être décrit comme cohérent de quelque manière que ce soit. Une personne est une collection de souvenirs, de pensées, d’expériences qu’elle a accumulés tout au long de sa vie et parfois ces morceaux ne s’emboîtent pas les uns dans les autres et, à travers des réflexions, des distorsions ou des dédoublements, j’essaie de symboliser et de montrer à quel point les combinaisons de toutes ces parties sont bizarres et absurdes, et à quel point elles rendent la personne unique. » Elle s’engage alors dans des « shootings thérapie » où elle laisse libre cours à l’expression de ses émotions, de ses angoisses et obsessions. 

La photographe perçoit sa pratique photographique comme une extension d’elle-même – « La chose la plus importante pour moi, en tant que photographe et artiste, est de rester pure envers moi-même. » – et tisse une relation extrêmement forte avec ses modèles : « Le casting est un sujet très important car la personne qui se tient devant la caméra doit être capable de comprendre mon esthétique, mon approche de la mélancolie et de l’obscurité, mon amour et ma préférence pour la bizarrerie. ». Un selfie aux allures surréalistes reflète le rapport particulier qu’elle entretient avec ses muses. Elizaveta Porodina, tout en noir, un oeil dissimulé par une rose blanche se tient aux côtés de Maggie Mauer, nue et d’une blancheur virginale. Les deux femmes semblent interconnectées, un genre de Yin et de Yang, à la fois opposées et complémentaires, dans la continuité l’une de l’autre.

Elizaveta Porodina
Julia Banas,2021 © Elizaveta Porodina

Entre Olympia ou Cléopâtre disco toute puissante et voluptueuse, et sphinx, gardien des mystères et de la connaissance, sa muse Vivien Solari semble nous accueillir aux portes de l’inconscient. Elizaveta Porodina nous propose un voyage dans le labyrinthe de celui-ci, de nous plonger dans les brumes tout comme la mannequin dont le visage pailleté digne de science fiction émerge d’une eau couleur d’acide – oscillant entre le vert et le jaune. Une invitation à s’oublier, s’abandonner. Au fil des clichés, on pénètre dans le monde des songes où étrangeté, fantasmagorie, mirages, monstruosité et beauté pourraient nous aliéner. En témoigne ce portrait de femme énigmatique dont les yeux hypnotiques transparaissent derrière ses mains décuplées. Glissement vers la folie ? 

L’univers d’Elizaveta Porodina est aussi mouvant que ses couleurs sont chatoyantes. Une femme au teint poudreux et pâle, le regard maquillé d’orange et les lèvres enduites de gloss rose pleure des larmes presque plastiques alors qu’elle s’appuie sur un drapé de velours rouge flamboyant. L’image est presque christique et clairement mélancolique. 

Elizaveta Porodina
Vivien Solari II, 2021 © Elizaveta Porodina
Elizaveta Porodina
Fallon Havanna, 2021 © Elizaveta Porodina

On comprend bien pourquoi l’artiste est la petite favorite des plus grandes maisons et marques de luxe telles que Christian Dior, Louis Vuitton, Carolina Herrera, Moncler, les contrées de son univers luxuriant, cinématographique et énigmatique semblent infinies !

Exposition « Okha » d’Elizaveta Porodina, jusqu’au 30 avril 2023, Fotografiska New York.

Elizaveta Porodina
Ako Kondo, 2020 © Elizaveta Porodina

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