Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Immersion dans les bars mythiques de New York

James et Karla Murray proposent une nouvelle série de livres consacrés aux petits commerces new-yorkais les plus appréciés, avec aujourd’hui un ouvrage consacré à ses bars légendaires.

Les bars de New York sont l’objet de mythes, de légendes et d’histoires immortalisées dans les films, la littérature, le théâtre, la télévision et les chansons. Au cours des trois derniers siècles, ces pubs, bars à cocktails et tripots bien-aimés sont devenus des lieux de vie, pour lesquels on quitte son chez soi. Ils offrent ainsi la camaraderie nécessaire pour s’évader un peu du rythme frénétique de la vie quotidienne américaine. 

Ces entreprises indépendantes sont devenues des institutions locales à part entière, certaines, comme le Stonewall Inn, théâtre du mouvement de libération gay. Dans une ville en constante évolution, ils sont aussi témoins de la joie, de l’esprit et du charme que l’on retrouve si souvent dans les plaisirs de l’alcool.

© James and Karla Murray
Please Don’t Tell © James and Karla Murray
© James and Karla Murray
Pete’s Tavern Interior © James and Karla Murray

Au cours des deux dernières décennies, les photographes James et Karla Murray se sont consacrés à la préservation de ces lieux de vie qui font l’âme de New York. Après le succès de Store Front NYC (photographies des devantures de boutiques de la ville), ils reviennent avec une autre série d’images, portées davantage sur les intérieurs.

Pour réaliser Great Bars of New York City, le premier volume d’une série consacrée à la quintessence de la culture new-yorkaise et à ses petites entreprises, James et Karla Murray ont fait équipe avec le journaliste culturel Dan Q. Dao pour mettre en lumière 30 institutions de quartier. Le travail des Murray s’inspire aussi de celui du photographe Robert Polidori, ou du directeur de la photographie Christopher Doyle, pour créer un regard captivant sur ces commerces qui continuent de servir les nouvelles générations de New-Yorkais.

« Je t’ai vu au Rudy’s »

Great Bars of New York City révèle l’histoire et la culture new yorkaise. Avec sa peinture murale enchanteresse signée Maxfield Parrish, le King Cole Bar de l’hôtel St. Regis était un cadre parfait pour le film Le diable s’habille en Prada (2006), tandis que le 7B Horseshoe Bar de l’East Village a joué un rôle de premier plan dans le film Poupées russes (2005).

© James and Karla Murray
7B Horseshoe Bar © James and Karla Murray

Artistes, écrivains, musiciens, artistes, politiciens et figures de la pègre en tout genre fréquentent depuis longtemps les bars. L’écrivain Jack Kerouac a passé tant de temps à la White Horse Tavern que quelqu’un a griffonné « Jack Go Home » (Jack, rentre chez toi) sur le mur des toilettes, tandis que le poète Dylan Thomas y a bu son dernier verre avant de prononcer ses derniers mots en 1953 : « J’ai bu 18 whiskies purs. Je crois que c’est le record. » 

Rudy’s Bar & Grill, le légendaire « dive bar » qui a été la pierre angulaire de Hell’s Kitchen pendant des générations, s’est érigé en rempart contre l’embourgeoisement, en servant de la bière bon marché et des hot-dogs gratuits aux clients. « Je t’ai vu au Rudy’s / tu étais très défoncé », chante Steely Dan dans son tube de 1977, Black Cow, qui lui a valu d’entrer au panthéon de la culture pop.   

© James and Karla Murray
Rudy’s Bar and Grill © James and Karla Murray

Le plus étonnant? En dépit de l’évolution le la ville, tous ces commerces sont encore en activité aujourd’hui, certains plus d’un siècle après leur ouverture. Depuis 2020, plus de 85 bars historiques new-yorkais ont fermé définitivement leurs portes, tandis que d’autres, comme Cubbyhole, le bar lesbien bien-aimé de West Village, ont pu compter sur le soutien de leurs fidèles clients.

Des histoires ancrées dans les lieux

« Les bars ont toujours été des melting-pots », écrivent James et Karla Murray dans l’introduction de Great Bars of New York City. « Ce sont des lieux où des personnes de toutes origines et de toutes cultures peuvent se mêler et partager des histoires tout en buvant un verre, et où des relations se nouent souvent. »

© James and Karla Murray
Dante © James and Karla Murray
© James and Karla Murray
Beauty Bar © James and Karla Murray
© James and Karla Murray
Julius © James and Karla Murray

En ce sens, les bars constituent une sorte de troisième espace. À quelques rues du Stonewall Inn se trouve Julius’, le plus ancien bar gay de New York. Bien que la Prohibition ait pris fin en 1933, servir des « homosexuels présumés » était par la suite resté un délit.

Lors des descentes de police, les clients s’échappaient par des tunnels souterrains situés derrière le bar. Jusqu’en 1966, date à laquelle ils décidèrent de tenir bon. Trois ans avant les célèbres émeutes de Stonewall, des militants homosexuels de la Mattachine Society ont organisé la manifestation « Sip-In » au Julius’. Ils ont porté l’affaire devant les tribunaux, contribuant ainsi à ouvrir la voie à l’ouverture légale des bars gays à New York.

Great Bars of New York City: 30 of Manhattan’s Best-Loved Drinking Establishments est publié par Prestel et disponible au prix de 40 dollars.

© James and Karla Murray

Vous avez perdu la vue.
Ne ratez rien du meilleur des arts visuels. Abonnez vous pour 9$ par mois ou 108$ 90$ par an.