Fidèle à son ambition de faire découvrir sa collection au plus grand nombre, l’agence Roger-Viollet propose une traversée dans l’œuvre de Laure Albin Guillot dont le fonds est conservé par la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (BHVP) et est diffusé en exclusivité́ par la Galerie Roger-Viollet. Sans doute moins connue aujourd’hui que dans les années 1920 à 1950 où elle a exercé, Laure Albin Guillot a pratiqué la photographie comme on la concevait alors, c’est-à-dire dans une grande diversité́ d’approches : nus féminins ou masculins, portraits de personnalités culturelles ou d’anonymes, natures mortes, paysages, etc. Et comme la plupart de ses contemporains, Laure Albin Guillot a travaillé dans de nombreux secteurs : la mode, la publicité alors en plein essor, la presse, l’édition, et même la décoration.
Sans compter qu’elle a participé à des expositions, dès 1928, au Salon indépendant de la photographie, aux côtés de Germaine Krull, Man Ray ou encore André Kertész. Laure Albin Guillot doit alors sa notoriété́ à ce qu’elle nomme les « micrographies », des prises de vue de l’infiniment petit mariant l’art et la science que l’on peut voir dans l’exposition. Et preuve qu’elle conçoit la photographie comme un art, elle fait réaliser des épreuves sur des supports spéciaux pour donner plus de relief aux motifs ou pratique l’autochrome. Laure Albin Guillot est aussi l’auteure d’un ouvrage théorique intitulé Photographie publicitaire (1933) dans lequel elle vante les mérites de l’image, expliquant par exemple que les publicités peuvent se passer de texte car, selon elle, l’image peut se suffire à elle-même.
Les années 1930 sont celles où les photographes expérimentent beaucoup, que ce soit au moment de la prise de vue ou dans la chambre noire, à l’image du mouvement de la Nouvelle Vision qui réunit toute une génération d’auteurs dont Herbert Bayer, François Kollar ou László Moholy-Nagy. Laure Albin Guillot travaille particulièrement ses lumières dans une forme d’élégance à laquelle fait référence le titre de l’exposition. Mais elle mise aussi sur des cadrages audacieux, n’hésitant pas à se focaliser sur des détails du corps : les mains, les pieds, ou le torse à l’instar du nu masculin réalisé vers 1935-1940 qui fait date. Et quand elle fait le portrait de Jean Cocteau, elle ne le montre pas statique et fixant l’objectif. Mais au contraire en mouvement dans un geste familier pour mieux retranscrire sa personnalité.
Autre centre d’intérêt : la nature. Laure Albin Guillot y puise des motifs qui sont ensuite utilisés pour des papiers peints ou des objets d’ameublements, comme des lampes ou des abat-jours. Et si son domaine de prédilection est le studio – boulevard Beauséjour dans le XVIe arrondissement de Paris –, elle fait aussi des paysages et des ensembles sur les arbres ainsi que des clichés sur les petits métiers de Paris. Ces différents travaux sont conçus pour des éditions que l’on pourrait qualifier “d’artiste”, tirés en peu d’exemplaires. Preuve de son implication, Laure Albin Guillot est membre de la Société Française de Photographie (SFP), de la Société des Artistes Photographes (SAP) et sera aussi directrice des archives photographiques des Beaux-Arts (futur ministère de la Culture). Une professionnelle accomplie.
Laure Albin Guillot, « L’élégance du regard » du 6 octobre 2022 au 14 janvier 2023
Galerie Roger-Viollet, 6, rue de Seine, 75006 Paris – galerierogerviollet.fr