Lancée en 2023, la Bourse pour un nouveau regard humanitaire d’Action contre la Faim, a été mise en place avec l’ambition de lancer une réflexion sur l’imagerie humanitaire, avec ses acteurs, afin de penser ses évolutions futures. Le souhait de l’ONG est la création d’un nouveau regard. Un regard qui irait au-delà des reproductions habituelles, qui serait plus juste, plus équilibré, plus éthique et qui permettrait un échange plus équilibré avec les personnes représentées.
L’organisation a pensé sa Bourse pour être un lieu d’exploration de nouveaux procédés narratifs, iconographiques, vidéographiques ou encore sonores. Elle vise ainsi à récompenser les projets qui s’affranchissent des conventions assimilées, qui mettent en avant la créativité et l’audace afin d’alimenter une réflexion collective autour du développement du langage multimédia. « La Bourse pour un nouveau regard humanitaire d’Action contre la Faim est une opportunité précieuse pour les photographes », explique Giulietta Palumbo, membre du jury et directrice éditoriale chez Magnum Photos. « Elle leur permet de réaliser des projets ambitieux, d’être libres d’innover dans leurs approches narratives tout en ayant un but : celui d’avoir un impact et d’apporter leur contribution à des causes humanitaires. »
L’année dernière, la première édition a vu les équipes d’Action contre la Faim analyser près de 150 dossiers, venus du monde entier, avant d’en soumettre 25 au jury international dirigé par la présidente de Magnum Photos, Cristina de Middel. Après d’intenses sessions de travail et des entretiens réalisés avec 5 finalistes, le projet proposé par Alice Bibette et Camille Toulmé, La faim invisible, a été récompensé.
Cette œuvre immersive, produite à Montreuil et à Marseille, lie animation et caméra 360 pour témoigner de la faim en France. Les deux protagonistes, Raheema et Omar filment eux-mêmes leur quotidien et sa réalité avec une caméra 360 puis, progressivement et à l’aide de l’animation, nous emmènent dans leur univers intérieur pour nous raconter ce que le public n’a pas l’habitude de voir. A travers une scénographie sensorielle, augmentée par réalité virtuelle, les visiteurs de l’exposition peuvent ainsi découvrir le combat quotidien contre la faim et la précarité de ces deux personnes dont l’histoire reflète la réalité de nombreux français et françaises.
« Nous voulons travailler les questions de distance entre l’audience et les personnes représentées, mais aussi de positionnement », expliquent Camille Toulmé et Alice Bibette. « La France nous a semblé être un endroit idéal pour parler de l’invisibilisation de la population qui souffre de la faim. Les longues files d’attente devant les distributions alimentaires pendant la crise du Covid-19 ont surpris tout le monde. Puis, une fois la crise et les images choquantes disparues, les personnes touchées par la faim sont retombées dans l’oubli et retournées dans ces endroits ignorés de France. »
La faim invisible, l’œuvre présentée par les lauréates et Action contre la Faim, est à voir à la Cité Fertile, 14 Av. Edouard Vaillant à Pantin du 18 au 27 octobre 2024.