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Le Los Angeles hispanique vu par Graciela Iturbide

Au cœur de ses années mouvementées, la légendaire photographe mexicaine révèle un peu d’amour, de joie, et de survie dans les quartiers les plus pauvres de la mégapole californienne.

En 1986, Graciela Iturbide arrive à Boyle Heights pour documenter le quotidien de sa communauté pour le magazine A Day in the Life of America, à une époque où ce célèbre quartier d’East Los Angeles est confronté à une escalade de la violence, des guerres de gangs, à la toxicomanie et aux brutalités policières. Elle y reviendra en 2018 et 2019 pour photographier à nouveau, renouant contact avec les survivants de cette époque, et produire White Fence, un livre nouvellement publié par RM.

White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide

L’ouvrage tire son titre du légendaire gang de rue éponyme, actif à Boyle Heights depuis 1900. Contrairement à ceux qui s’accrochent au rêve américain, les membres de cette clique californienne ne se font aucune illusion sur l’issue possible, c’est-à-dire la mort, des conflits territoriaux auxquels ils participaient activement. Des terres qui ont d’ailleurs autrefois appartenu aux ancêtres des habitants latinos de l’est de Los Angeles.

Lorsque Graciela Iturbide arrive à Boyle Heights, le chef de la police municipale, Daryl Gates, a transformé le département de la LAPD en une force paramilitaire qui utilise alors des tactiques extrêmes, agressives, voire anticonstitutionnelles, dans les « quartiers noirs et bruns » de la ville. C’est une époque où les médias locaux et nationaux se font les porte-parole de l’État, vilipendant les communautés déchirées par les brutalités policières et la violence des gangs. 

Fait célèbre: le 3 mars 1991, des agents de la police de Los Angeles (LAPD) arrêtent l’automobiliste Rodney King pour une infraction au code de la route. Au cours de la procédure d’arrestation, King est frappé plus de cinquante fois avec des matraques après avoir résisté aux ordres de la police. Un témoin de l’événement, George Holliday, a filmé l’arrestation, qui sera ensuite diffusée sur la chaîne locale KTLA et sur les télévisions nationales américaines. Dans la semaine qui suit l’incident, un jury inculpe les policiers impliqués dans l’arrestation pour usage excessif de la force et agression avec arme. Plus d’un an après la nuit du passage à tabac, les officiers de la police de Los Angeles inculpés dans le procès sont finalement acquittés des charges retenues contre eux. À la suite de ce verdict, de nombreux habitants de Los Angeles réagissent avec choc, colère et manifestent dans la rue.

White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide

Graciela Iturbide, alors âgée d’une quarantaine d’années, suit dans Boyle Heights une famille qui se bat pour survivre dans ce climat, et réalise de tendres portraits de ses membres, dont certains font partie du gang White Fence. Des photos pleines de joie qui contrastent fortement avec d’autres images de l’époque. Mais ce sont ses photographies récentes qui révèlent la beauté de sa série, car les bébés photographiés dans les années 1980 sont aujourd’hui devenus des parents. C’est aussi un beau rappel que la longévité, telle que les White Fences la connaissent depuis plus d’un siècle, est enracinée dans un lien profond entre les hommes et la terre. 

Graciela Iturbide : White Fence est publié par RM et disponible au prix de 70 $.

White Fence © Graciela Iturbide
White Fence © Graciela Iturbide

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