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L’ingéniosité de la photographie instantanée au festival Expolaroid

À l’occasion de la 10e édition de l’Expolaroid Festival, la Galerie Taylor présente quatre artistes et leur vision de la photographie instantanée, des triptyques aux clichés peints.
Hélène Guetary
Le Retour d’Hermes © Hélène Guetary

Le Polaroid est sans doute l’appareil photo le plus célèbre de tous, et chaque année, le festival Expolaroid le met à l’honneur. Pour sa 10e édition, la Galerie Taylor présente les images de quatre artistes aux styles très contrastés : Irène Jonas, Hélène Guétary, Éric Bouvet et Frédéric Jourda dans une exposition intitulée « Poesie, Sex & Love ».

La photographe Irène Jonas capture des moments sur la plage, puis les agrémente de peinture, conférant aux images une aura inhabituelle. Sa série « Endless Summer » propose des scènes estivales avec une qualité qui évoque celle des années 1970, aux tons sourds et légèrement floutée. « Il y a dans les étés enfantins un je-ne-sais-quoi d’intemporel », dit-elle. « Sur cette petite grève du Finistère sud, où amis, cousins, cousines, neveux, nièces petits-enfants se retrouvent chaque année, rien ne vient entraver la liberté de mouvement. La plage offre un terrain de jeu illimité et seuls les paysages et activités varient au rythme des marées. Ce temps si agréablement répétitif – plage, baignade, goûter – donne une sensation d’éternité, l’été ne peut pas finir… L’été est sans fin. “

Irène Jonas
Un été sans fin © Irène Jonas
Irène Jonas
Un été sans fin © Irène Jonas

Le documentariste Éric Bouvet présente peut-être la forme la plus reconnaissable de la photographie instantanée, avec des images grand format en noir et blanc de sa série « SEXE, AMOUR… », où il explique photographier « Des gens qui s’amusent, des gens qui travaillent, des gens qui ont fait des choix… » L’un des sujets se tient nu, paré d’un fin tissu transparent et d’ailes diaphanes, tel un papillon, déployées derrière lui. Une joie palpable s’en dégage. Le plus coloré de la bande est Frédéric Jourda, un photographe paysagiste réputé, qui capture une scène évoquant Dali ou Tanguy, avec des arbres dénudés se courbant dans un désert, formant de grandes ombres courbées sur le sable. Jourda affectionne également les fleurs ; une image, montrant un champ de tournesols, semble s’étendre à l’infini sous un ciel jaune lui aussi.

Les triptyques grand format d’Hélène Guétary, cinéaste et photographe utilisant un Polaroid 50×60, sont les plus frappantes. Guétary crée des tableaux surréalistes qui, à première vue, semblent rescapés d’une époque révolue. Dans Banquet Triptyque, des hommes et des femmes roses, bleus et verts, ornés de froufrous et de rubans, se prélassent autour d’une femme vêtue d’une robe de mariée blanche, comme si la Cène était plutôt une affaire de débauche qui se déroulait dans une cour hypermoderne de Versailles. C’est une merveille et le témoignage du talent de Guétary, à la fois photographe et cinéaste. Que cette image ait pu être capturée à l’aide d’un instantané, avec cette mise en scène au cordeau, semble relever de la magie.

Hélène Guetary
Banquet © Hélène Guetary

La photographie instantanée a parfois été considérée comme restrictive, supprimant le processus de développement, qui permet aux photographes nombres d’expérimentation. Mais comme le montrent Jonas, Bouvet, Jourda et Guétary, les possibilités sont infinies ; les polaroïds peuvent se révéler aussi expérimentaux et expressifs que les autres procédés photographiques. 

« Poesie, Sex & Love », Galerie Taylor, 7 Rue Taylor, Paris.

Fred Jourda
Pola © Fred Jourda
Fred Jourda
Pola © Fred Jourda

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