Superstitieux, superstitieuses, passez votre chemin. Les histoires et les images qui vont suivre sont de l’ordre de l’occulte, de l’inexpliqué, du paranormal.
Associé au festival PhotoSaintGermain, le Musée d’Histoire de la Médecine d’Université Paris Cité, propose l’exposition « Phénomènes. L’inexpliqué face à la science ». Un voyage dans l’histoire de la science de 1890 à nos jours, sous l’angle de la fascination des savants pour l’occulte.
Exposées pour la plupart pour la première fois, ces photographies ont saisi ces rares instants où scientifiques ou individus ont été confrontés à des événements paranormaux. Venez, venez contempler ces phénomènes comme la télékinésie, le magnétisme, la lévitation, la photographie de l’aura et autres esprits frappeurs.
Blind vous propose, en collaboration avec le curateur du Musée, Philippe Baudouin, plusieurs histoires frissonnantes et parfois inexpliquées…
Nina Kulagina, télékinésie chez les Soviets
Nina Kulagina (1926-1990) fut sans doute l’un des sujets psychiques les plus célèbres de l’ère soviétique. Étudiée durant la guerre froide, elle fut filmée à de nombreuses reprises lors d’expériences de télékinésie qui firent sa renommée.
L’une des plus célèbres, dirigée par le biologiste Eduard Naumov, eut lieu dans un laboratoire de Leningrad le 10 mars 1970 où, d’après les témoins, Kulagina aurait réussi à arrêter durant quelques instants le cœur d’une grenouille vivante, par la seule force de la pensée. Malgré ces observations, les « capacités » de Kulagina firent l’objet de nombreuses controverses, certains suspectant la médium d’être en réalité une illusionniste.
Torsions de métaux et force invisible
Après avoir assisté en 1975 à une performance télévisée de torsions de métaux d’Uri Geller, Silvio M. (né en 1941), dessinateur industriel d’origine suisse, se découvrit des capacités similaires. Aux nombreuses torsions de métaux qu’il produisait à volonté s’ajoutaient d’étonnantes peintures qui, d’après lui, résultaient de ses visions.
Les phénomènes de psychokinésie dont Silvio prétendait être à l’origine furent étudiés en 1978 par le physicien britannique John Hasted, avant que leur auteur ne soit surpris, l’année suivante, en flagrant délit de fraude.
Quelques années après les expériences télévisées d’Uri Geller, la parapsychologue Yvonne Duplessis (1912-2017) fut approchée par trois jeunes adolescents. Anita, Patrice et F. prétendaient, à leur tour, pouvoir agir à distance sur la matière. Avec l’accord de leurs parents, Duplessis organisa plusieurs séances entre 1976 et 1978, et conclut, photos à l’appui, à l’authenticité de leurs « capacités ».
Afin d’évaluer la capacité de F. à mettre en mouvement des objets sans le moindre contact physique, Yvonne Duplessis mit en place un dispositif instrumental composé de différents accessoires, tels que des ciseaux, des couverts, des aiguilles ou bien encore des jouets, comme l’ardoise magique que l’on voit ici. Lors de ces tests, l’utilisation de la farine permettait de visualiser les traces laissées par les objets déplacés.
Parmi les phénomènes de torsion de métal obtenus par F., celui produit à distance sur une poignée de volet reste sans doute l’un des plus impressionnants. Yvonne Duplessis, à l’initiative de cette expérience, observa ainsi le métal se tordre progressivement sous l’effet d’une force invisible, alors même que l’adolescent se trouvait à plusieurs mètres de l’objet.
Quelques semaines après la diffusion des performances d’Uri Geller sur les chaînes de télévision, Jean-Pierre Girard (né en 1942) se rendit célèbre grâce à des démonstrations semblables de torsions de métaux. Bien que ses prétendues « capacités » firent rapidement l’objet de controverses, Girard fut considéré comme un sujet aux effets « concluants » par le polytechnicien Charles Crussard, lors de tests menés au laboratoire de la société Péchiney.
Les mesures de son activité cérébrale réalisées à cette occasion auraient montré l’émission d’ondes alpha, symptomatique d’un état de détente profonde, alors même que son rythme cardiaque atteignait plus de 160 battements par minute.
Maison hantée et esprits frappeurs
De novembre à décembre 1973, une petite maison située dans la commune de La Machine (Nièvre) fut au centre de tous les regards. Chaque soir, un jeune garçon, Dominique P., disait entendre des coups frappés dans le mur de sa chambre, persuadé qu’un « esprit » voulait converser avec lui. Désemparés face une telle situation, les parents de l’adolescent décidèrent de solliciter l’aide de la gendarmerie locale.
Malgré leurs investigations, les militaires, également témoins de ces phénomènes, furent incapables d’expliquer rationnellement l’origine des bruits perçus.
Alerté par les parents de l’adolescent, l’officier de gendarmerie Bernard Guilbert se rendit sur place, équipé de son magnétophone. Bien déterminé à élucider cette affaire, il parvint à enregistrer près de trente minutes de ces manifestations sur bande magnétique.
Le « poltergeist » de Fontenay-sous-Bois
En janvier 1979, la locataire d’un appartement situé à Fontenay-sous-Bois et son petit-fils, âgé de treize ans, furent témoins, durant quarante-huit heures, du déplacement inexpliqué d’une quarantaine d’objets, causant pour certains des marques d’impact sur les meubles et les murs. Missionné par l’I.M.I. pour mener une enquête, l’ingénieur Denys Renaudin réalisa sur place plusieurs photographies des dégâts observés.
En janvier 1979, l’ingénieur Denys Renaudin fut missionné par l’Institut métapsychique international pour enquêter sur ce cas de poltergeist en région parisienne. La propriétaire de l’appartement qui avait reçu, le temps d’un week-end, son petit-fils de treize ans, Stéphane, avait été réveillée durant la nuit par des déplacements inexpliqués d’objets.
D’après elle, des verres, un cendrier, une lampe de chevet et plusieurs éléments de son mobilier avaient été soudainement transportés d’un bout à l’autre du logement, causant alors des dégâts considérables sur leur passage.
À partir de l’enregistrement audio des témoins et de clichés réalisés sur place, Renaudin publia un rapport détaillé de l’affaire. Également intéressée par l’affaire, le médecin et psychanalyste Juliette Favez-Boutonier (1903-1994) conclut, tout comme Renaudin, à l’authenticité des phénomènes observés par les témoins.
Lévitation de tables
Malgré le contrôle des médecins Saltetti, Treves, Vitrotti et Basile, Francesco Carancini (1863-1940) réussit, lors d’une séance en 1908, à projeter en l’air une table de plusieurs dizaines de kilos. Relatées par la presse internationale, de telles prouesses permirent à Carancini de connaître son heure de gloire.
Toutefois, celle-ci ne fut que de courte durée : en 1910, le médium italien, alors invité à Genève par le psychologue Théodore Flournoy et le neurologue Édouard Claparède, fut surpris en flagrant délit de fraude. Démasqué, il n’eut d’autre choix que de se retirer de la vie publique.
De 1923 à 1935, année de sa mort, le médecin canadien Thomas G. Hamilton (1873-1935) organisa à son domicile différentes expériences en compagnie de médiums. Outre les traditionnelles séances de spiritisme, Hamilton cherchait à comprendre la nature des phénomènes de télékinésie, comme les lévitations de table que produisait alors la médium Elizabeth Poole.
Après que ses pouvoirs de médium aient été découverts par Julian Ochorowicz en 1908, Stanislawa Tomczyk (1889-1975) devint un sujet d’étude pour plusieurs savants de renom, tels que sa compatriote Marie Curie. En 1914, Tomczyk fut invitée à Munich par le psychiatre Albert von Schrenck-Notzing pour se soumettre à une série d’expériences autour de ses prétendues facultés de télékinésie.
S’appuyant sur les nombreuses photographies réalisées à cette occasion, Schrenck-Notzing revendiqua l’authenticité des phénomènes constatés sous son contrôle, à l’instar de Charles Richet qui en reproduisit les conclusions dans son Traité de métapsychique en 1922 : « Dans ces conditions, une boule de celluloïd comme une boule de billard, a été remuée par la simple approche des mains de Stanislawa, un pèse-lettre s’est abaissé avec une pression de cinquante grammes, une balance à double plateau s’est abaissée de cinq centimètres ; des boules de celluloïd placées dans un verre se sont remuées ; une cuillère à thé, qui était dans un verre, a été, sans contact, projetée hors du verre. Toutes ces expériences ont été répétées plusieurs fois. L’hypothèse d’une fraude est absolument impossible, car l’attention des observateurs se portait sur l’exploration des mains qui souvent restaient immobiles pendant que les objets se mouvaient. »
« Phénomènes. L’inexpliqué face à la science ». Au Musée d’Histoire de la Médecine d’Université Paris Cité . Jusqu’au samedi 28 janvier 2023.