Si le secteur principal de Paris Photo offre, avec ses 133 exposants, un panorama des galeries et des artistes établis et consacrés dans le monde, Curiosa, dédié à l’émergence, et le nouveau secteur Digital créé cette année, montrent l’art du temps présent, voire du futur. La foire intègre ainsi la diversité créative des artistes contemporains, qu’ils expérimentent avec les procédés anciens ou avec les nouvelles technologies, comme les NFT et l’intelligence artificielle, repoussant les limites du médium.
Anna Planas, la nouvelle directrice artistique de Paris Photo qui a assuré le commissariat de Curiosa n’a pas souhaité être limitée par les contraintes d’un thème. Elle a réuni 16 galeries venues de 9 pays et 40% de françaises, proposant chacune un seul artiste, comme traditionnellement dans ce secteur. Particularité cette année, certaines d’entre elles ont ouvert leurs portes très récemment, comme les Parisiennes Anne-Laure Buffard et Hatch, en 2022, et n’ont pas pignon sur rue puisqu’elles officient en appartement et sont accessibles sur rendez-vous.
« Avec la sélection de Curiosa 2023, je mets en lumière la diversité des pratiques actuelles et les multiples dimensions de l’image, intégrant pour la première fois une performance qui se déroulera le temps de la foire avec une exposition qui grandit en temps réel. » Ce projet, c’est celui de Vivian Galban de la galerie argentine Rolf Art. « L’idée est de mettre l’acte photographique au cœur de la foire. » L’artiste argentine née en 1969 a installé une camera obscura, proposant aux visiteurs de se faire prendre en photo, portrait qu’ils peuvent acheter et qui alimente l’exposition de sa galerie sur place.
Dans ce secteur, on verra aussi les œuvres uniques de Rebekka Deubner (à la galerie suisse Espace Jörg Brockmann) actuellement exposée au BAL dans « A partir d’elles », exposition collective explorant la relation des artistes avec leur mère. Avec ses photogrammes mettant en scène des objets ayant appartenu à sa mère disparue, l’artiste d’origine allemande évoque avec délicatesse la question du deuil et de l’absence. Autre coup de cœur dans ce secteur, Constance Nouvel, présentée à la fois sur le stand de sa galerie In Situ – fabienne leclerc (Romainville) et dans le cadre du Prix Ruinart. L’artiste française à l’écriture photographique simple et en même temps tout en mystère est en effet la lauréate de la résidence qu’elle a effectuée cet été en Champagne, une série d’images inédites à découvrir sur la foire.
En digital
Avec ses neuf galeries – dont deux plateformes curatées en ligne, La Collection (Paris) et Verse (Londres) – choisies par la commissaire invitée Nina Roehrs, spécialiste de l’art numérique, le secteur digital est assurément la partie la plus attendue de cette édition 2023. Présentant des pièces des années 1970 et des créations très récentes, elle rend compte de l’évolution du médium, avec par exemple des œuvres nées des algorithmes et autre code. Un secteur inédit pour une foire européenne.
Du tirage « Partitions digitales d’après Nicéphore Niépce » d’Andreas Müller-Pohle (Photo Edition Berlin) aux images générées par l’intelligence artificielle chez L’Avant Galerie Vossen (Paris) en passant par une application chez Office Impart (Berlin), œuvre générative obtenue via un processus participatif, ce secteur a de quoi surprendre.
On peut aussi y voir de l’ADN synthétique dans une capsule en aluminium – œuvre en trois dimensions chez Kunst & Denker (Düsseldorf) – ainsi que d’autres formes artistiques d’un genre nouveau tel un jeu vidéo. Comme l’explique Nina Roehrs : « La compréhension traditionnelle des genres artistiques établis, tels que la peinture, la sculpture et la photographie, est remise en question par le digital. » Une ère nouvelle s’ouvre, Paris Photo s’en fait le passeur.
26e Paris Photo, Grand Palais Éphémère, Place Joffre, Paris 7e, du 9 au 12 novembre 2023, www.parisphoto.com