Le concours Astronomy Photographer of the Year, organisé par le Royal Museum Greenwich, récompense les meilleurs astrophotographes du monde entier. Cette année, le concours est ouvert aux soumissions à partir du 11 janvier. Zoom sur cette discipline fascinante et bien plus démocratique qu’on ne le croit !
Andromède, comme vous ne l’avez jamais vue. La photo qui a remporté le premier prix du Astronomy Photographer of The Year 2020 a quelque chose d’intime, on pourrait presque la saisir dans le creux de la main. Il suffirait de tendre le bras. Pourtant… La spirale scintillante et hypnotique n’est autre que la galaxie d’Andromède, située à quelques 2,5 milliards d’années lumières du soleil. Avec ses mille milliards d’étoiles, elle n’a rien d’un objet miniature. Mais au travers de l’objectif de Nicolas Lefaudeux, notre grande voisine devient presque familière.
Afin de composer ce cliché innovant de la galaxie la plus photographiée au monde, Nicolas Lefaudeux a dû faire preuve d’imagination et imprimer certains éléments en 3D. La démarche audacieuse a séduit les jurés. Car pour se distinguer parmi les 5,000 soumissions qui leur sont faites chaque année, il faut savoir raconter les histoires qui se déroulent au-dessus de nous. C’est, en quelque sorte, la continuation de l’exploration spatiale par d’autres moyens. À mi-chemin entre la science et l’art, les astrophotographes nous révèlent la poésie des corps célestes, même les plus proches.
La lune, par exemple. Notre satellite gris, dont on croirait, à tort, connaître tous les mystères. Dans le télescope du français Alain Paillou, elle révèle l’éventail entier de ses couleurs et la complexité de sa composition. Le photographe a travaillé huit ans afin d’obtenir ce cliché du cratère Tycho.
Une autre surprise haute en couleur : ce soleil lilas saisi dans un télescope spécialisé, qui capte uniquement un spectre restreint de lumière, près de l’ultra-violet. Un calme pastel surprenant pour un astre dont on connaît d’habitude les couleurs chaudes et les éruptions plasmiques.
Certaines des photos lauréates ont été prises par des astrophotographes aguerris et au travers de télescopes, c’est vrai. Mais nul besoin de matériel de pointe pour prendre de belles photos du ciel. Pas besoin, non plus, d’années d’expérience pour se distinguer aux yeux du jury. Alice Fock Hang, 10 ans, a remporté la catégorie « Jeune » avec son Nikon D610. Un cliché de Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne et de la lune parfaitement exécuté, avec une exactitude scientifique et un souffle artistique certain. La jeune photographe dit avoir attendu des mois afin d’obtenir cette conjonction particulière, jusqu’au moment magique où la lumière zodiacale est venue éclairer sa composition. Cette combinaison parfaite de connaissances astronomiques et d’esthétisme est ce que les jurés recherchent chez les participants, jeunes ou confirmés.
Hors des télescopes, la lune reprend son visage le plus folklorique : c’est la pleine lune des contes qu’invoque l’appareil photo de Kirsty Paton dans Big Moon, Little Werewolf. Mais le loup garou dont la silhouette se dessine sur l’astre lumineux n’est autre que le chien de la photographe. Un clin d’œil tendre aux légendes et mythologies qui, avant la science et les progrès de l’observation spatiale, nous permirent d’apprivoiser un peu les mouvements des astres au-dessus de nous.
L’un des phénomènes célestes les plus spectaculaires est sans doute celui des aurores boréales. Un grand privilège pour les photographes qui ont la chance de les immortaliser, mais aussi un défi de taille : comment proposer une interprétation inédite de ce phénomène si répandu dans l’imaginaire collectif ? En intégrant dans le cadre cet arbre solitaire, impassible face aux grands jeux de lumières qui se donnent derrière lui.
Certaines photos du palmarès dégagent une impression de sérénité, d’éternel, qui pourrait laisser penser que l’observation spatiale est loin d’être menacée par les activités humaines. Une discipline paisible à laquelle nous pourrons encore nous adonner quand nous aurons achevé de détruire la faune et la flore ? Pas du tout : le lauréat de la catégorie « Les humains et l’espace » nous montre comment les traces de satellite encombrent le ciel. Leurs sillages ressemblent sur la photo à des barres de prison qui nous séparent des étoiles que nous voulons regarder. Une façon pour Rafael Schmall de nous faire réfléchir à l’avenir de l’astrophotographie, si les satellites créés par les humains continuent de se multiplier dans l’atmosphère…
Par Joy Majdalani
Joy Majdalani est une rédactrice et créatrice de contenu libanaise basée à Paris. Elle écrit sur la technologie, l’art, la culture et les questions sociales.
Pour découvrir les lauréats 2020, c’est par ici
Pour participer à l’Astronomy Photographer of the Year, s’inscrire ici avant le 5 mars 2021.