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Que voir à l’AIPAD

Après 2 ans d’absence, le célèbre salon revient à New York.
Baldwin Lee
DeFuniak Springs, 1984 © Baldwin Lee, courtoisie de l’artiste et de Hunters Point Press/Howard Greenberg Gallery, New York

Le 19 mai, The Photography Show, développé par l’AIPAD, est de retour à New York pour la première fois depuis 2019. C’est la 41e édition de la plus importante foire consacrée au médium photographique. 

« The Photography Show reste l’un des plus importants rassemblements internationaux pour les galeries afin de présenter l’ensemble du spectre de la photographie d’art, depuis ses premiers rendus du XIXe siècle jusqu’aux travaux contemporains les plus pointus », explique le galeriste new-yorkais Robert Mann. « C’est une foire qui attire des conservateurs, des collectionneurs et des critiques du monde entier pour voir et acheter des œuvres de qualité muséale vendues par les marchands les plus respectés de la planète. »

Terry Evans
Nuit, avril 2020 © Terry Evans, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Yancey Richardson, New York

Cette foire réservée aux membres, réunit 49 galeries de premier plan provenant de 9 pays et de 23 villes dans un nouveau lieu de Manhattan, le Center415, jusqu’au 22 mai 2022. Les exposants présentent des œuvres fraîchement mises sur le marché, notamment des photographies contemporaines, modernes et du XIXe siècle, de la photographie d’art, de la vidéo et des nouveaux médias. 

Une approche inclusive

Cette 41e édition s’inscrit dans l’air du temps et sa sélection d’œuvres d’artistes venus de tous les horizons reflète la manière dont la photographie peut transformer notre façon de voir et de penser le monde. Le travail d’Adama Delphine Fawundu est exposé à la galerie Arnika Dawkins, basée à Atlanta et qui se consacre aux photographes de la diaspora africaine.

Arnika Dawkins
Adama Delphine Fawundu, attendant patiemment, 1995 © Arnika Dawkins, courtoisie de l’artiste et de la Dawkins Gallery, Atlanta

Consciente de l’importance de faire une place à des groupes dont les contributions ont été largement sous-représentées, Fawundu observe : « Les femmes photographes noires réalisent des œuvres importantes depuis que le médium existe et il est impératif que nous continuions à le faire. Il est également dans l’intérêt de notre industrie de se réveiller. Cet espace [The Photographie Show] est l’occasion de partager idées et ressources et d’imaginer ensemble l’avenir. »

En effet, qu’il s’agisse des peintures murales monumentales en pâte de blé de Michael Jang à la Lee Gallery, des portraits intimes du Sud-américain de Baldwin Lee à la Howard Greenberg Gallery ou des portraits majestueux de la communauté LGBTQIA d’Afrique du Sud de Zanele Muholi à Yancey Richardson, The Photography Show offre un éventail d’œuvres inspirantes, via une approche inclusive. 

Zanele Muholi
Manzi I, Côte Ouest, Cape Town, 2021 © Zanele Muholi, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Yancey Richardson, New York, et de Stevenson Cape Town/Johannesburg.

Bienvenue chez vous

Au cours des dernières années, la notion de foyer a pris une nouvelle signification aux États-Unis. Alors que la montée en flèche des prix de l’immobilier continue d’empêcher les nouvelles générations de réaliser le rêve américain de l’accession à la propriété et que les expulsions se poursuivent dans tout le pays, ceux qui peuvent se permettre le privilège de travailler à domicile se retrouvent à trouver le temps long. 

Dans sa série en cours « Anonymous Women : Domestic Demise » (Femmes anonymes : Démission domestique), Patty Carroll s’attaque à notre fantasme de la maison parfaite. Ses scènes de mort par la décoration intérieure seront exposées à la galerie Catherine Couturier, basée à Houston. Ces théâtres glamours et tragiques se moquent joliment de notre obsession de la perfection. 

Patty Carroll
Birthday Blues, 2020 © Patty Carroll, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie, Houston
Patty Carroll
© Patty Carroll, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie, Houston

« Nombre de clients ont expliqué que cette série de Patty avait touché une corde sensible pendant la pandémie », explique Catherine Couturier. « Les images de femmes sous des tas de linge, attachées à des cordes de téléphone ou buvant du vin semblent plus pertinentes que jamais, non ? Même mon fils, qui n’a que 13 ans, m’a demandé si je pouvais lui acheter l’album Birthday Blues parce que “c’est l’ambiance Covid” – du pop-corn renversé sur le sol, une télévision qui clignote, personne qui ne bouge et rien qui ne change. Je pense que nous avons tous ressenti le poids de nos maisons d’une manière totalement inédite. »

Sur la route à nouveau

La photographie instantanée est sans doute le genre vernaculaire le plus apprécié, son intimité et son absence de prétention permettant une authenticité difficile à atteindre dans des cadres plus formels. Parce qu’il est radicalement non professionnel, il nous offre des fenêtres sur des mondes moins connus – comme la série des « Hitchhikers » (auto-stoppeurs) de Doug Biggert

Entre 1973 et 1985, il a immortalisé quelque 450 auto-stoppeurs pris en stop en Californie à bord de sa coccinelle verte de 1966, alors qu’il se rendait à son boulot d’animateur d’une émission de jazz. Il nous donne à voir la frange contre-culturelle de la Californie, une ribambelle d’adolescents, de touristes, de vagabonds, de fugueurs, d’étudiants, d’arnaqueurs et autres fainéants tâchant de trouver leur voie. Ses fascinants portraits d’une Amérique en transition seront exposés à la galerie Robert Mann, basée à New York. 

Doug Biggert
Sans titre de la série Hitchhikers, 1973 © Doug Biggert, courtoisie de l’artiste et de la Robert Mann Gallery, New York

« La série “Hitchhikers” de Doug Biggert serait captivante à tout moment, mais elle l’est peut-être encore plus cette année. En ces temps de société polarisée, ce travail est particulièrement poignant », explique Robert Mann. « Le style de vie insouciant cher à l’auto-stoppeur peut être vu comme une métaphore de ce temps révolu où la confiance régnait et où les gens vivaient plus libres. Et ce n’est pas un secret qu’une autre partie du récit de Doug aborde l’aspect homoérotique. Alors que notre société continue à se débattre avec les questions d’acceptation et d’inclusion, il est important de célébrer et d’encourager les droits obtenus jusqu’à présent. »

Réinitialisation culturelle

Bien que le photojournalisme ait été largement négligé par le monde de l’art, Sid et Michelle Monroe, de la Monroe Gallery de Santa Fe, demeurent déterminés à mettre en valeur les maîtres du genre, actuels et passés. « Le rôle des photojournalistes n’a peut-être jamais été aussi important qu’aujourd’hui », affirment les Monroe. « En les encourageant à réaliser des tirages d’art, leur travail passe dans une nouvelle dimension, affranchi de son caractère temporaire sur une page imprimée ou Internet. Les exposer permet d’ancrer davantage ces images dans notre conscience collective et notre histoire commune. »

Gabriela E. Campos
«Than Tsídéh, 19 ans, du Ohkay Owingeh Pueblo, danse sur la plate-forme vide où une statue de Juan de Oñate a été retirée, comté de Rio Arriba, Nouveau-Mexique, juin 2020» © Gabriela E. Campos, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Monroe Gallery of Photography, Santa Fe

La Monroe Gallery présente la photographie de Gabriela E. Campos montrant Than Tsídéh, 19 ans, de la tribu Ohkay Owingeh, dansant sur le socle vide où trônait la statue du redoutable conquistador espagnol Juan de Oñate. Retirée de son piédestal dans le comté de Rio Arriba, au Nouveau-Mexique, immédiatement après le meurtre de George Floyd en juin 2020. 

« Les noms des conquistadors, comme ceux de généraux et de dirigeants confédérés, ont été commémorés et donnés à des routes, des écoles, des centres commerciaux et mêmes des bâtiments officiels », affirment les Monroe. « Les Américains ont eu tendance à ignorer les vieux monuments politiques sans penser, ni même connaître, l’histoire qui se cache derrière. La photographie de Campos permet de prendre conscience, et peut-être de faire évoluer ces dernières, en abordant la question de l’histoire des autochtones en Amérique. »

La rencontre du passé et du présent

Rania Matar
Alae (avec le miroir), Beyrouth Liban, 2020 © Rania Matar, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Obscura Gallery, Santa Fe

Enfant de Beyrouth, la photographe Rania Matar se souvient du début de la guerre civile libanaise en 1975. Âgée d’à peine 11 ans, elle va grandir au milieu du chaos. En 1984, à 20 ans, elle s’installe aux États-Unis, où elle fonde une famille et débute sa carrière, en réalisant des portraits de jeunes filles qui deviennent adultes à l’Est et à l’Ouest. Peu après l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, elle est retournée au Liban pour la première fois depuis le début de la pandémie. « L’appartement de mon beau-père avait été détruit. Je n’avais pas réalisé combien il était proche du site de l’explosion », raconte-t-elle. 

Déterminée à dénicher beauté et force au milieu des ruines et du désespoir, Matar a immortalisé une jeune femme, Alae, qui tient un petit poudrier en regardant la ville, une image qui sera exposée à l’Obscura Gallery, de Santa Fe. « Nous sommes allés au dernier étage du bâtiment et nous avons réalisé que nous pouvions voir les silos du port où les explosions ont eu lieu, visibles sur le côté droit du cadre », explique Rania Matar. « Le côté gauche des silos qui étaient encore debout protégeait Beyrouth à l’ouest. La partie est a été détruite. Lorsqu’elle a sorti son petit miroir pour se regarder, j’ai capté l’intensité de ce moment, en la voyant elle et les silos en même temps. Résilience et destruction sont côte à côte. »

Old & New York

Allen Frame
Darrel Ellis, mon appartement, NYC, 1981 © Allen Frame, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Galerie Gitterman

La seule constante de la ville de New York est qu’elle est en perpétuel changement, et pourtant les histoires s’y condensent et s’y superposent, telles des roches sédimentaires. Le galeriste new-yorkais Tom Gitterman célèbre la vie de ceux qui l’ont précédé, dont les trajectoires sont parfois ignorées, sauf pour les artistes qui cherchent à préserver ces mondes éphémères.

Gitterman expose ainsi les photographies d’Allen Frame prises en 1981 dans le centre-ville de New York, à l’aube de l’épidémie de sida qui allait décimer la ville au cours des quinze années suivantes. « Un sentiment de morbidité plane sur ces images, car nous savons qu’elles ont été réalisées au début d’une pandémie dévastatrice et que beaucoup des hommes que nous connaissions allaient mourir au cours de cette décennie », explique Frame. « Vu sous le prisme du Covid, cela nous rappelle le nombre de personnes que nous avons perdues. Si les deux pandémies sont très différentes, le caractère poignant de ce regard sur 1981 évoque la perte et les deuils à venir. » 

Sans titre, 125e rue, 2019 © Khalik Allah/Magnum Photos, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Galerie Gitterman

M. Gitterman présente également des œuvres de Khalik Allah, membre de Magnum, tirées de sa série phare, « Souls Against Concrete » (Des âmes contre le béton), réalisée à l’angle de Lexington Avenue et de la 125e rue à Harlem au cours de la dernière décennie. « Il est possible de se promener dans une ville en évitant le contact visuel, mais pour Khalik Allah, ce contact est essentiel », déclare Gitterman. « Ses photographies permettent de regarder à travers l’œil de Khalik et le leur et de les voir en tant qu’individus. Son travail nous rappelle notre humanité commune, et la nécessité de se respecter mutuellement. »

The Photography Show by AIPAD sera présenté au Center415, 415 Fifth Avenue, entre les 37e et 38e rues, à New York.

Jeudi 19 mai 

Accès médias et VIP, sur invitation uniquement

Vendredi 20 mai

11 h 00 – 13 h 00 – Accès pour les VIP

13 h 00 – 19 h 00 – Ouverture au public

Samedi 21 mai

11 h – 12 h – Accès pour les VIP

12 h – 19 h – Ouverture au public

Dimanche 22 mai

11 h – 12 h – Accès pour les VIP

12 h – 17 h – Ouverture au public 

Jeff L. Rosenheim, conservateur en charge de la photographie au Metropolitan Museum of Art de New York, est le lauréat du prix annuel de l’AIPAD, qui sera remis le jeudi 19 mai lors de l’avant-première réservée aux VIP.

En partenariat avec The Photography Show, l’International Center of Photography organisera l’ICP Photobook Fest les 21 et 22 mai 2022, de 11 h à 19 h, dans les nouveaux bâtiments de l’ICP dans le Lower East Side, situé au 79 Essex Street, à New York. L’événement mettra à l’honneur des éditeurs et des photographes de premier plan mais aussi des indépendants. Qui présenteront et dédicaceront leurs derniers ouvrages. Les billets d’entrée pour l’ICP Photobook Fest seront mis en vente à une date ultérieure.

Arnika Dawkins
Oye Diran, A Ti De, 2020 © Arnika Dawkins, courtesy of the artist and Dawkins Gallery, Atlanta

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