John Trotter – « No Agua, No Vida »
Mars 2001. Le photographe John Trotter décide d’aller voir ce qu’il lisait depuis des années à propos du fleuve Colorado. D’immenses barrages auraient tellement bloqué son débit qu’il n’atteindrait presque plus la mer de Cortez. Au volant de sa voiture de location, alors qu’il se rend pour la première fois constater de ses propres yeux, il se dit : « Je n’avais aucune idée d’où ce projet allait me mener, je sentais seulement que je devais le commencer. » Vingt ans plus tard, le photographe a parcouru et photographié le fleuve sur ses 1400 miles de long, depuis ses sources dans les montagnes rocheuses jusqu’aux vestiges desséchés de son delta surplombant le golfe de Californie, au Mexique. Le début de son projet a aussi concordé avec « le début d’une sècheresse sans précèdent dans l’histoire moderne, exacerbée par le changement climatique. » Série prise en noir et blanc, « No Agua, No Vida » documente la vie des habitants autour du fleuve mais aussi la disparition de ce dernier. « Je photographie la terre, les gens et leur civilisation au bord de l’effondrement » affirme le photographe.
Paloma Laudet – « No Man’s Land »
Il existe bel et bien des murs et des barbelés en France. À Calais, près de 65 kilomètres de clôtures barbelés dentellent la ville. Depuis les accords du Touquet signés en 2003, on assiste à une externalisation de la frontière britannique sur le sol français. L’Angleterre a versé plus de 170 millions d’euros à la France pour la sécurisation de sa frontière face à l’afflux de migrants dans le Pas-de-Calais. Depuis mars 2020, la photographe Paloma Laudet parcourt ce mur. Elle photographie les clôtures, barbelés, caméras de vidéosurveillance, matériaux de détection infrarouge et tous les autres dispositifs qui entravent la vie des migrants : de l’évacuation des camps aux néons installés dans la ville pour les empêcher d’y installer des tentes et de dormir. Série photographique nécessaire sur ce mur que l’on ne veut pas voir, sur ce qu’il implique pour les migrants mais aussi pour les habitants de la ville, « No Man’s Land » vient éveiller les consciences.
Sandra Mehl – « Leur éternel »
« De Corbeil-Essonnes, je voulais raconter la jeunesse » annonce Sandra Mehl qui, avant d’être photographe, a été chef de projet urbain dans les quartiers populaires du sud de la France. C’est dans le cadre d’une résidence photographique à Corbeil-Essonnes que sa série « Leur éternel » est née. Pour cette photographe qui favorise les projets au long cours au sein des groupes et des territoires qu’elle documente, son immersion dans la ville de Corbeil-Essonnes l’a menée à porter pendant un an son regard sur la jeunesse, et en particulier sur leurs relations amoureuses. « J’ai mené une exploration intime de la ville pour découvrir les territoires des filles, ceux des garçons, les espaces où ils se rencontrent, se retrouvent, flirtent, célèbrent un moment d’éternité. Parfois, à l’abri des regards, quand les relations amoureuses s’avèrent inavouables dans l’espace public. » Munie d’un moyen format argentique, Sandra Mehl a photographié la tendresse de Corbeil-Essonnes.
Festival l’œil urbain, Corbeil-Essonnes, du 1 avril au 22 mai 2022.