Des photos en sépia ou en noir et blanc assemblées, montées, superposées, les photomontages de Ricardo Miguel Hernàndez présentés dans l’ouvrage When the Memory Turns to Dust sont beaux, souvent drôles, ils interrogent sur leur sens, leur signification jusqu’à tomber sur ce visage connu, celui de Fidel Castro et ces quelques lignes inscrites sur la page d’après : « Fidel préside / qui va à la plage de State Island avec un de nos amis cubains / un autre jour distinct du mien. C’est à un demi pâté de maisons de chez nous. Mai 1958. »
Ricardo Miguel Hernandez est un artiste cubain. Il se présente comme un « chercheur de mémoire », un « chercheur de souvenirs », « un archéologue visuel qui opère techniquement et discursivement sur l’élasticité d’un enregistrement de la réalité. » Son travail s’inscrit sur l’ambiguïté de la mémoire historique et pour y parvenir, il use de la photographie et de la vidéo. « Je m’éloigne du document original pour le transformer en une nouvelle construction artistique, une nouvelle mémoire historique. (…) J’enlève la poussière des souvenirs d’archives que je trouve pour articuler de nouvelles constructions à partir des fragments de souvenirs. Ainsi, je construis une nouvelle histoire, plus en phase avec l’individu X qu’avec les méga-histoires de l’histoire cubaine. »
Il s’agit pour lui de mettre en avant la multiplicité, la complexité et la richesse des petites histoires face à la grande histoire uniforme et imposée. L’artiste cherche à créer à travers ces photomontages « une sorte de testament construit et ressuscité dans lequel se distillent les significations et les mélanges d’une culture comme celle de Cuba, métissée et singulière. » Avec ces photographies qui datent des années 20 jusqu’aux années 80, il tente de « recontextualiser et resémantiser l’histoire figée sur le papier photographique (…) Je manipule consciencieusement, élabore méticuleusement d’autres réalités, juxtaposées, assemblées, mutilées, où je n’ai pas l’intention de masquer les traces du temps sur le papier, ni les coutures résultant de ces collages photographiques. »
Travail critique et artistique, When the Memory Turns to Dust prend le pouvoir de redonner le sourire, d’aveugler, de transformer les visages, les expressions, les situations. L’histoire. L’artiste travaille le plus souvent avec des images qui étaient prêtes à disparaître et auxquelles il redonne vie. « J’assemble des paysages, des portraits, des scènes de coutumes ou des motifs abstraits pour reformuler cette mémoire individuelle/sociale ; pour enrichir cet héritage que l’on trouve souvent au sein d’une famille cubaine ; et pour offrir un interstice possible qui nous rappelle qui nous sommes et comment nous nous voyons. »
When the Memory Turns to Dust de Ricardo Miguel Hernàndez, publié par 89 books, 100 pages, 28€.