C’est un carnet intime venu du grand Nord. Northern Silence porte en lui le souffle d’une terre sauvage, inhospitalière, battue par le blizzard qui façonne le paysage et burine les corps.
Finnmark, un nom qui porte en lui toute la mythologie de l’extrême nord de la Norvège, au bord de la mer de Barents, au bout de la toundra russe et du Gulf Stream. Né dans le village de pêcheurs de Båtsfjord, sur la péninsule de Varanger, en plein cœur du Finnmark, le photographe Cato Lein est un enfant du pays.
Northern Silence est le résultat de 25 ans de photographie, du milieu des années 1980 à 2012. Ce n’est que récemment que Cato Lein, désormais installé depuis de nombreuses années en Suède, s’est décidé à en faire un livre.
« Chaque personne est photographiée avec dignité »
« [Il] n’était d’abord que peu convaincu par sa contribution en tant que photographe. L’entassement des clichés de cartes postales a imposé une forme de silence en lui – une peur d’avoir perdu le contact avec l’esprit du lieu », explique Sophie Allgårdh dans la préface du livre.
Cato Lein décide alors de revenir sur ses terres, de rencontrer les habitants, d’arpenter la région samie du Finnmark intérieur, qui lui était totalement inconnue. Il se repenche sur ses anciennes photos et les fait soigneusement tirer dans l’une des rares chambres noires encore ouvertes à Stockholm.
En ressort de puissants portraits en noir et blanc, une certaine patine sur des visages d’hommes et de femmes, à la peau lisse, aux rides marquées, aux regards qui vous happent.
« Les photographies de Cato dépeignent toujours un moment particulier. Il approche chaque personne avec soin et respect. Il s’approche et se rapproche. Chaque personne est photographiée avec dignité, ouverture, intimité et simplicité », décrit le photographe suédois Knut Koivisto.
« Le spectateur peut presque toucher les sujets et leur dire bonjour. Il est comme son nom. Court, accrocheur, avec une touche de douceur. Cato Lein. »
« C’est ici que je me sens chez moi »
Le photographe autochtone capture les étendues magnifiques et inquiétantes du royaume des rennes. L’imagerie est loin de celle vendue par les guides de voyage. Les fragiles maisons de bois sont prises dans une tempête de neige et de glace, les rafales vous font frissonner, les montagnes vous écrasent. Et pourtant on y revient.
La chanteuse norvégienne d’origine samie, Mari Boine, témoigne de l’attachement viscéral à cette terre que « les étrangers » ont appelé Finnmark. Le pays des Finlandais, c’est-à-dire le pays des Samis.
« Pour nous, c’est Sápmi. J’ai grandi ici. Cato aussi. Nous portons tous les deux la beauté et le pouvoir de ce paysage, les visages, les gens, les histoires avec nous. Ses photographies résonnent en moi. J’ai vécu la plupart de ma vie ici. J’ai beaucoup voyagé et vu une grande partie du monde. J’ai vraiment apprécié tout cela, et je l’apprécie toujours. Mais j’aime toujours autant être ici et c’est ici que je me sens chez moi. »
Pourtant ces paysages loins de tout ne sont pas épargnés par les troubles climatiques. « Le paysage du Finnmark n’est plus le même que lorsque Cato Lein a grandi », note Sophie Allgårdh.
« Au cours des cinquante dernières années, il s’est réchauffé et la toundra est sur le point de disparaître. Sur les montagnes de granit dénudées du passé, la mousse pousse maintenant et les bouleaux arctiques ont été remplacés par des arbres élancés. »
Lors de son périple, Cato Lein gardait ses films pressés contre sa poitrine pour protéger la gélatine du gel. Les tirages sont parfois imparfaits, portent les marques du processus de révélation, la matière n’en est que plus renforcée, Northern Silence est un travail de l’œil et du cœur.
Northern Silence, Cato Lein, 39 €. Commandez votre livre signé par Cato Lein + un tirage 21 x 15 cm signé. Tirage Photo Pigmentaire (Fine Art) sur Hanemühle – 120 €.