Quelques heures après son arrivée en Australie, début 2017, le photographe Fabien Voileau rejoint Wispy, une légende locale freesurf. Il l’avait contacté en amont afin de réaliser ses premières images dans l’eau. À la sortie de cette session, c’est le déclic. « Je me dis que ça serait cool de pousser ce genre de moment, de rencontres, d’envies. » Fabien Voileau établit une liste de gens qui l’inspirent, dans l’eau et en dehors mais aussi une liste de villes qu’il rêvait de connaître. « L’idée de présenter cette opposition de contextes, océans-mégalopoles, est venue naturellement. Je m’en suis nourri toute ma vie, alors pour un premier projet d’édition, on ne pouvait pas faire plus sincère. »
Pour sa première monographie La vie des autres qu’il a financé grâce à un crowdfunding lancé sur Kiss Kiss Bank Bank, Fabien Voileau présente plus de quatre-vingt images, alternant entre photographies de surf, portraits et scènes de rue. « Pour le surf, un grand nombre d’images viennent d’Australie, car j’y suis allé beaucoup et longtemps (je suis résident Néo-Zélandais, donc c’est proche géographiquement). Mais on y retrouve aussi des images sur des spots mythiques comme la Gravière à Hossegor, Cloud Break aux Fiji, Teahupoo à Tahiti, ou encore Nias à Sumatra. Pour la partie photo de rue, c’est surtout des lieux où je suis allé plusieurs fois, que je connais pas mal, comme Tokyo, Los Angeles ou Tel-Aviv. »
Inspiré par les photographes de rues américains (Mark Cohen, Garry Winogrand, Helen Lewitt, Fred Herzoz) mais aussi par des photographes plus intimistes (Christopher Anderson, Jack Davison, Jamie Hawkesworth), Fabien Voileau a réalisé un premier livre dans l’idée de « rassembler des choses qui n’ont rien à voir (…) Du moins ces synergies d’oppositions sont aussi le reflet de qui je suis et de mon process. » Le photographe espère aussi amener des gens qui ne connaissent rien au surf à trouver écho dans ses images et inversement. « Je suis connecté à l’océan depuis tout petit, ça fait partie de ma vie. Il est vrai que je surfe beaucoup moins depuis que je prends des images des acteurs de cette discipline. C’est l’un ou l’autre, un truc hyper binaire, soit je surfe et je ne fais que ça, soit je prends des photos et rien d’autre. »
Par Sabyl Ghoussoub
Né à Paris en 1988 dans une famille libanaise, Sabyl Ghoussoub est un écrivain, chroniqueur et commissaire d’exposition. Son deuxième roman Beyrouth entre parenthèses est sorti aux éditions de l’Antilope en août 2020.
La vie des autres, Fabien Voileau, 144pp, 45€.