C’est un homme qui vous regarde de haut, droit dans les yeux, un air impétueux et presque arrogant, la mitraillette à la main. Un combattant pris en photographie par Yan Morvan tandis que le Liban se déchirait dans une guerre civile entre 1982 et 1985. Les bombes, les tirs croisés, la mitraille dans les rues…
Le photographe documente le quotidien des civils dans la guerre en les immortalisant devant les décombres de leurs maisons. Ce sont ces petites filles qui jouent dans la carcasse d’une voiture, ces habitants qui posent devant la façade ravagée de leur immeuble, ces guerriers qui attendent, l’arme à la main et l’œil vigilant. C’est tout un monde qui souffre et tente tout de même de sauver les apparences alors que le pays sombre dans une voie violente.
Beyrouth
« Il est important de voir ces images aujourd’hui pour ne pas oublier », estime Yan Morvan qui ajoute : « ces scènes que vous voyez ne m’appartiennent pas. J’étais là, simplement, pour montrer les choses. Mon travail, c’est montrer. »
Révéler la quintessence d’un conflit armé et le trouble qui nous vient devant ces familles abimées, ces enfances qui ne connaissent pas la paix. Des gamins qui courent au milieu des gravats et n’ont, pour avenir, qu’un amas de débris, un champ de ruines.
Yan Morvan sait faire trainer son appareil photo dans les recoins de Beyrouth où il attrape malgré tout la vie qui continue tant bien que mal, comme cet homme qui marche dans une rue devant un immeuble complètement fragmenté par les bombes. Le photographe a aussi une façon bien à lui de redonner le visage d’une humanité là où résident pourtant la mort et le danger. On décèle parfois un sourire au milieu des têtes tourmentées.
Par Jean-Baptiste Gauvin
Yan Morvan, Liban, La ligne verte
Galerie Folia 13 Rue de l’Abbaye, Paris, 75006 Paris