Cette série parle de chevaux, bien sûr. De ces magnifiques chevaux blancs nés dans la région de la Camargue, dans le sud de la France. Vivant à l’état sauvage dans le milieu rude des étangs et des marais de Camargue, ces animaux ont développé, au travers des siècles, l’endurance, la robustesse et la rapidité qui ont fait leur réputation.
Mais ce projet parle aussi de Tony Bonanno, le photographe qui a braqué son objectif sur les étalons des gardians, et sur les gardians (terme provençal) eux-mêmes, ces « cowboys » de la Camargue qui, avec leurs chevaux au sabot si sûr, gardent les taureaux noirs de la Camargue qu’on voit dans les corridas du sud de la France.
« Je photographie des chevaux depuis de nombreuses années, à la fois pour mon propre portfolio et pour des clients », explique Tony Bonanno. « J’ai photographié des quarter horses dans des ranchs de l’Ouest, des chevaux de saut de grand prix, des chevaux de rodéo et des mustangs espagnols en liberté. La photographie équine est l’une de mes spécialités. Une fraîche journée d’avril 2015, ma collègue la photojournaliste Jodie Willard et moi-même étions aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en France, sur la côte méditerranéenne, au cœur du delta du Rhône. La région est également connue sous le nom de Delta de la Camargue. Nous avons alors photographié les chevaux de Camargue et les gardians. »
Cavalier et photographe
Ayant opté pour une durée d’exposition brève et une focale longue, Tony capture le mouvement de bêtes lancées au grand galop par-dessus les eaux des chevaux Camargue. À d’autres moments, il n’hésite pas à prendre des risques pour réaliser de saisissants clichés en plan rapproché, se postant à l’arrière d’une petite colline alors que les gardians lançaient vers lui leurs bêtes à fond de train et que la « manade » – troupeau conduit par un gardian – le frôlait dans un fracas de tonnerre.
Ses photographies font ressortir la grisante beauté de ces chevaux blancs et l’élégante noblesse de leur stature ancestrale. Les portraits que Tony a réalisés de la culture des gardians ne sont pas moins un travail d’art : portraits émouvants des hommes et femmes qui prennent soin des troupeaux, représentations des objets de leur tradition et vues de leurs maisons et de leurs fermes.
« Le cheval de Camargue est considéré comme une race primitive et a probablement évolué dans le delta de la Camargue pendant des milliers d’années », raconte le photographe. « La plupart des chevaux de Camargue sont semi-fermés. Ils vivent en petits groupes sur de vastes étendues de terres gérées par les Gardians et leurs bergers. Ils passent une grande partie de leur vie dans les zones humides et les milieux marécageux. On les appelle souvent “chevaux de la mer”. »
Au galop et sans obstacles
Depuis toujours passionné de photographie, Tony Bonanno a décidé d’en faire son métier dans les années 1980. Il a passé son enfance à Washington et a commencé sa carrière comme professeur dans l’enseignement secondaire avant de travailler pour les Parcs Nationaux où il a occupé le poste de Chef Ranger pour la région des Montagnes Rocheuses et la région du Sud-Ouest, voyageant des rivages de Cape Cod au rude désert et aux montagnes immenses du Sud-Ouest.
En tant que photographe, il s’est intéressé à des sujets très divers tels que les hommes et les femmes politiques, les sites archéologiques, à la culture amérindienne du Sud-Ouest des États-Unis, les villes et le peuple cubains, les courbes du corps féminin, et bien sûr, les chevaux, pour n’en nommer que quelques-uns.
Ses photographies sont, dans le genre, du grand art, reflétant toujours l’essence de son sujet. Prenez votre temps pour sonder du regard les images de ce livre. Tony Bonanno a le talent de communiquer visuellement le grandiose du cheval de Camargue et des hommes et des femmes qui les entourent de soin et de passion.
Ce texte de Baron Wolman est tiré du livre The White Horses of the Camargue, de Tony Bonanno.