Intemporelle Catherine Deneuve. Ce mercredi 19 avril au soir, le Festival International du Film de Cannes a dévoilé l’affiche de la 76e édition qui se déroulera du 16 au 27 mai prochain. L’icône du cinéma français apparaît dans un superbe noir et blanc, les bras glissant dans ses cheveux d’or, le sourire aux lèvres. Au loin, la paisible Méditerranée.
Nous sommes le 1er juin 1968, sur la Côte d’Azur. L’actrice se trouve sur la plage de Pampelonne, près de Saint-Tropez, pour le tournage de La Chamade d’Alain Cavalier avec Michel Piccoli et Roger van Hool. Un film adapté du roman de Françoise Sagan. Alors âgée de 24 ans, elle interprète ici Lucile, une jeune fille qui mène passionnément une vie d’amours et de légèretés. Quatre ans avant, Catherine Deneuve sublimait déjà Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, qui remportera la Palme d’or de 1964.
Suivront les années de carrière que nous connaissons, au sommet de son art, devenant une étoile éternelle du cinéma français et international. « C’est une certaine magie que Catherine Deneuve incarne, pure, incandescente et parfois transgressive », décrit le festival dans son communiqué, soulignant la beauté de « cette affiche intemporelle ».
Une photo prise par une figure de Paris Match
Cette beauté tranquille et sereine a été saisie par Jack Garofalo (1924-2005). Surnommé « Garo » par ses confrères, le photographe est une figure des heures dorées de Paris Match – il y travaille de 1960 à 1980 -. « Drôle et malicieux », comme le décrit le magazine, il immortalise les stars du 7e Art comme Alain Delon, Brigitte Bardot et bien sûr Catherine Deneuve. Considéré comme un maître de la lumière, il trimballera aussi son appareil aux quatre coins du monde, couvrant l’actualité internationale, des conflits aux grands reportages.
Un photographe à l’ancienne qui ne quittait pas son appareil. C’est ainsi qu’il saisit cet instant de grâce avec Catherine Deneuve. Sur cette plage de la Côte d’Azur, Jack Garofalo réalise alors un shooting de l’actrice. Après la séance, le photographe garde l’œil ouvert, Catherine Deneuve se recoiffe, détendue, apaisée. Il déclenche.
« Tout d’un coup, il shoote. Il fait une photo comme ça, un peu à la volée de Catherine Deneuve. Et là, on est en noir et blanc. Elle a un manteau noir sur elle et elle est en train de se recoiffer. Et c’est ce moment magique, cette pépite, sur lequel le Festival de Cannes, a accroché », décrivait ce jeudi 20 avril, sur les ondes d’Europe 1, Marc Brincourt, ancien rédacteur en chef photo de Paris Match, aujourd’hui commissaire d’expositions du Grand Prix Paris Match.
Pour l’affiche du festival qui sublimera le tapis rouge et la Croisette, la photo originale de Garofalo a été légèrement recadrée par le studio de création visuelle Hartland Villa dirigé par Lionel Avignon et Stefan de Vivies. La mer a remplacé une partie du ciel et l’actrice a été surélevée au-dessus de la colline visible en arrière-plan. Une légère retouche pour offrir de la place au texte et à la palme. L’élégance naturelle de l’actrice n’en est que plus étincelante.
D’autres photos de ce tournage ont été réalisées par Jack Garofalo. On y voit par exemple Catherine Deneuve se prélassant au soleil en peignoir jaune et lunettes de soleil, un livre entre les mains. Il savait saisir ces instants suspendus entre deux prises, où l’actrice est à la fois Catherine et tout autant Lucile.
« Copain » avec Fellini, Hemingway ou Malraux, Jack Garofalo nous a légué des photographies remarquables et historiques : celle, savoureuse, du président Jacques Chirac se reposant à bord du Concorde l’emmenant en Nouvelle-Calédonie (1987), masque sur les yeux, jambes tendues et chaussons aux pieds. Celle encore, merveilleuse, d’un Alain Delon jouant les touristes sur la place Saint-Marc de Venise, l’appareil photo assiégé par les pigeons. Le Guépard posera amusé devant ce cliché en 2012 lors d’une rétrospective des images de Garofalo à la galerie 75Faubourg. « Tu étais rigolo, décontracté, on buvait un coup de champagne et tout était simple avec toi ! Je suis heureuse de cet hommage qui t’est rendu et que tu mérites ! », avait même écrit Brigitte Bardot dans une lettre hommage à son « Garo ».
