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Surfer la vague de béton

Le photographe Hugh Holland raconte dans son livre comment toute une génération de jeunes ont inventé, avec leurs propres moyens, dans les piscines de Los Angeles, un tout nouveau sport et une façon de vivre.

Un jour de l’été 1966, à l’apogée de la contre-culture, Hugh Holland prend le volant de sa vieille Chevrolet Bel Air rouge et met le cap sur Los Angeles. Sur la route 66, alors que la radio joue « California Dreamin’», le voici en route pour une nouvelle vie.

La culture des jeunes est alors en plein renouveau en Californie, cette « terre des gays et des cinglés », comme le disait si bien un ami en rentrant en Oklahoma. En 1974, un groupe de surfers de Dogtown – quartier comprenant les plages de Santa Monica, Ocean Park et Venice – commence à faire du skateboard dans les rues. Liberté totale.

© Hugh Holland
© Hugh Holland

Surfant sur des vagues de béton, la Zephyr Surf Team (alias les Z-Boys) invente un tout nouveau sport. Avec l’apparition des roues en uréthane, de l’armature en aluminium et du plateau en fibres de verre, on peut pratiquer le skate sur n’importe quelle surface. En peu de temps, les Z-Boys transforment les fossés d’écoulement en rampes, et improvisent des pistes dans les piscines des arrière-cours. La sécheresse de 1976 ne fait que contribuer au succès du projet, en attirant des skaters de la ville et des banlieues voisines.

The Wild Boys 

Au cours de l’été 1975, en traversant Laurel Canyon, Hugh Holland repère quelque chose qui vole dans le ciel. C’est un skater qui s’élance d’un fossé d’évacuation transformé en rampe, connu sous le nom de Mini Bowl. Intrigué, Holland se gare et se présente. On l’accueille à bras ouverts, comprenant l’intérêt de ce camarade équipé d’un appareil photo et d’une voiture.

Le timing est parfait. Holland, qui vient de se lancer dans la photographie, cherche justement un sujet. Il vient de le trouver. Au cours des trois années suivantes, Holland va réaliser la chronique d’un groupe de skaters qu’il surnomme The Wild Boys, et va documenter, en même temps qu’elle émerge, la scène du skate urbain, dans les piscines, au milieu des rues et sur les plages.

© Hugh Holland
© Hugh Holland
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© Hugh Holland
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Dans un style cinématographique, Holland capture les images de skaters pratiquant, avec une certaine grâce, ce freestyle de béton. Ces images sont un tourbillon de peaux dorées par le soleil, de dreadlocks décolorées, de maillots de bain ou de jeans et de baskets Vans. Sous le soleil californien, le glamour décontracté des skaters est un pur plaisir. Ils sont là par amour du sport, et rien d’autre.

« Locals Only »

En trois ans, Hugh Holland réalise des milliers de photographies de la scène florissante du skate au sud de la Californie, scène qui est à l’origine d’un sport pratiqué aujourd’hui à l’échelle internationale, rapportant plusieurs milliards de dollars. Les archives de Holland illustrent une communauté où règne l’amour pur, la dévotion et la créativité. Elles sont ainsi un précieux témoignage de cette culture à part entière.

« Les skaters que j’ai rencontrés au début étaient des adolescents qui passaient du bon temps, essayant de découvrir tous les mouvements qu’ils pouvaient réaliser ou inventer. C’était un plaisir de documenter leur monde », écrit Holland dans le livre qui vient de paraître, Locals Only: 30 Posters: California Skateboarding 1975-1978.

© Hugh Holland
© Hugh Holland
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© Hugh Holland
© Hugh Holland
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« L’un d’eux, Kent Senatore, m’a dit 45 ans plus tard : L’image qui me représente sur un skate board est l’une des meilleures images de tous les temps. Je l’aime parce qu’elle parle d’innocence. D’une époque où il n’y avait pas de faux-semblants – une époque où il n’y avait que la liberté de l’acte et la joie de la découverte. » 

C’est toute une époque que Locals Only revisite. Comme les tapis à poils longs et les boiseries, les posters de Holland pourraient s’inscrire dans une décoration typique des années 1970. Le livre ressaisit l’atmosphère d’amour qui régnait à l’époque. L’ouvrage donne à une nouvelle génération de spectateurs l’opportunité d’interagir avec l’esprit des photographies de Holland : elles sont l’illustration de moments intimes de joie, de proximité, d’admiration et de respect mutuel.

© Hugh Holland
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Locals Only: 30 Posters: California Skateboarding 1975–1978 est publié par Chronicle, 29,95 $.

© Hugh Holland
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