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Sunbath, l’argentique version cinéma

L’argentique n’est pas mort, au contraire, de nouvelles idées fleurissent sans cesse pour lui donner une seconde jeunesse. Parmi elles, l’utilisation de films cinématographiques transformés pour la photographie. Une solution écologique, artisanale et créative que Sunbath Filmlab nous fait découvrir.

Au détour des rues arlésiennes, dans un petit stand improvisé, Maxime, Léo et Valentin vendent leurs pellicules photo couleur. Enveloppées d’un emballage carton pastel, ces bobines ont une particularité : elles sont entièrement faites main à partir de film cinéma. 

Tout commence avec Valentin et Maxime Tanchaud, deux frères passionnés par l’argentique. Par besoin de faire des économies, le duo décide d’acheter des bobines de 300 mètres de film cinéma, fraîchement sorties d’usine. Ils enfilent gants et blouses de laborantins pour leur donner une seconde vie. Après étude et expérimentation, le projet prend de l’ampleur et Sunbath Filmlab voit le jour.

Les mains dans la chimie

C’est au 22 rue Beaurepaire, à Pantin, que l’équipe Sunbath a installé son laboratoire. À l’intérieur, pas de chambre noire, mais une développeuse Noritsu. Facile d’utilisation, cette machine permet de traiter rapidement un grand nombre de films 35mm. Un grand nombre de films…mais pas les films cinéma. Ces derniers sont en effet recouverts d’une couche de remjet, un revêtement anti-halation et antistatique. Ils doivent donc être développés avec un procédé manuel particulier : le développement ECN2 et C41. 

En s’inspirant des méthodes de développement spécifiques au cinéma pour les ajuster à la photographie, Sunbath a fait du développement ECN2 sa signature. « Faut être prêt à remettre les gants et foutre les mains dans la chimie », assure Maxime. « Il y a d’autres labos qui font du film cinéma. CinéStill par exemple. La grande différence avec eux, c’est qu’ils enlèvent la couche anti-halo, qui est essentielle à l’équilibre chromatique  du film cinéma, afin que leurs pellicules soient développable en process C41 par tous les labos.» 

Le labo de Sunbath Filmlab à Pantin
Le labo de Sunbath Filmlab à Pantin
Les films cinéma qui passent par Sunbath sont développés de façon artisanale avec les chimies spécifiques à ce film.
Les films cinéma qui passent par Sunbath sont développés de façon artisanale avec les chimies spécifiques à ce film.

Au fond de l’atelier, films, cuves, sécheuses, chimies et dilutions se côtoient. Tout se passe avec un processeur Jobo, une sorte de bac thermostaté muni d’un moteur permettant la rotation alternée d’une cuve de développement. Valentin nous explique minutieusement chaque étape,  comme une recette de cuisine : « Il faut être précis, calculer les températures du bain marie, composer et recharger les chimies pour qu’elles aient toujours la même efficacité, adapter les dilutions au volume… ». 

La technique est de mise, mais surtout la patience, reconnaît Valentin : « Le développement ECN2 se fait en 5 bains. Tout le cycle, mise en spire et développement, prend environ 1h30. Plus 2 ou 3h de séchage. » À contrario, rien de plus simple pour le développement C41 explique Valentin en montrant une machine : « Tu enfournes tes films dedans, en 9 minutes ils sont secs et t’as plus qu’à les scanner. C’est du vieux matos mais c’est que du bonheur. C’est un gain de temps incroyable. »

100% fait main 

Autodidactes et autonomes, les créateurs de Sunbath font tout eux-mêmes. Cela comprend le développement, mais aussi le travail de découpe et de conditionnement du film cinéma. Ils préparent leurs propres pellicules 35mm qu’ils enroulent à l’aide d’une bobineuse dans des cartouches recyclées et estampillées du logo Sunbath. Même le site a été fait par leurs soins avec Squarespace. Site qu’ils lancent sans encore avoir créé d’entreprise : « Au début, on a commencé à développer chez nous, dans notre évier. Le premier mois on avait eu 1000 euros de chiffre d’affaires ! »

« On a appris à faire de la compta, de la logistique, du marketing…», raconte Maxime. « On est passé par personne. De toute façon on n’avait pas l’argent pour. On s’est dit autant prendre 1 ou 2 mois de plus et faire quelque chose qui nous ressemble vraiment. » Pour cela, les deux frères se forment sur le tas, sur des forums ou auprès d’amis plus aguerris : « On a surtout appris grâce à des gens qui se sont intéressées à notre projet. Même aujourd’hui, on prend tous les conseils et toutes les astuces qu’on peut nous donner. » 

Sunbath Filmlab récupère les cartouches des pellicules pour les réutiliser
Sunbath Filmlab récupère les cartouches des pellicules pour les réutiliser
Les emballages Sunbath Filmlab sont également récupérés après usage pour être recyclés ou réutilisés
Les emballages Sunbath Filmlab sont également récupérés après usage pour être recyclés ou réutilisés

Outre les films cinéma encore produits aujourd’hui, Sunbath recherche constamment la nouveauté. Et le labo n’hésite pas à s’adapter au calendrier. Pour Halloween ils ont mis en vente la redscale, une pellicule qui ressort orange-rouge. Cet été, ils ont également lancé une collection d’appareils photos jetables en édition limitée. « On est assez insatiables, quand on réalise un projet, on est déjà sur le suivant ».

Plus qu’être un simple labo photo, Sunbath essaie de créer du collectif, en mettant en valeur les photos de sa communauté sur la galerie du site internet ou sur leur compte Instagram. Ils envisagent même d’exposer dans des lieux physiques pour promouvoir leurs pellicules cinéma et les photographes qui s’en servent. « On sera de retour à Arles l’année prochaine, mais cette fois avec une expo. » Affaire à suivre.

Photo avec la pellicule Sunbath 50D par Maxime Peschard
Photo avec la pellicule Sunbath 50D par Maxime Peschard
Photo avec la pellicule Sunbath 200T par Louise Boyé Della Giustina
Photo avec la pellicule Sunbath 200T par Louise Boyé Della Giustina
Photo avec la pellicule Sunbath 250D par Alexandre Cornille
Photo avec la pellicule Sunbath 250D par Alexandre Cornille
Photo avec la pellicule Sunbath 500T par Océane Entfellner
Photo avec la pellicule Sunbath 500T par Océane Entfellner

Retrouvez l’offre du laboratoire Sunbath Filmlab sur leur site web ou au 22 rue Beaurepaire, à Pantin.

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